A la veille de l'arrivée du secrétaire d'Etat américain, qui vient relancer le plan de paix israélo-palestinien, une nouvelle attaque kamikaze a fait deux morts jeudi au nord d'Israël. La possibilité d'une trêve paraît très compromise. Un Israélien a été tué lors d'un attentat commis par un kamikaze qui a également trouvé la mort jeudi matin. Le Palestinien s'est fait exploser dans une épicerie-restaurant à Sdé Troumot, près de Beit Shéan dans le nord d'Israël, tuant le patron de l'établissement. Ce nouvel attentat est intervenu au lendemain de l'échec des pourparlers menés par le Premier ministre Abou Mazen et les responsables du Hamas et du Djihad islamique, sur la possibilité d'un cessez-le-feu. Mardi soir déjà, une fillette israélienne de 7 ans avait été tuée par des Palestiniens qui avaient tiré sur la voiture dans laquelle elle se trouvait près de Kalkiliya, au nord de la Cisjordanie. Entre ces deux violences, l'Etat hébreu s'est engagé mercredi à limiter - et non arrêter comme le réclament le Hamas et ses pairs – les attaques ciblées contre les factions palestiniennes. Cette décision est le fruit des pressions exercées par les Etats-Unis depuis la série de raids sanglants qui ont fait une quarantaine de morts la semaine dernière. «Nous nous sommes engagés à limiter nos opérations de poursuite et liquidation aux terroristes qui sont vraiment des bombes-minute. Quand il s'agit d'un cas limite comme Rantissi, qui exerce un commandement, nous éviterons de tirer autant que possible », a assuré un représentant de la sécurité israélienne, en marge des discussions menées à Washington depuis plusieurs jours sur le sujet. Pour le Hamas, comme l'a souligné mercredi un de ses responsables, Ismaïl Haniyah, ce geste « indique que leurs assassinats vont se poursuivre » en réalité. « Nous rejetons toute classification censée faire savoir qui l'on peut assassiner. Les assassinats doivent cesser et les occupants doivent partir», a-t-il répété. C'est dans ce contexte de vives tensions que le secrétaire d'Etat américain Colin Powell devait se rendre jeudi en Jordanie, avant de rejoindre Israël et les territoires palestiniens. «M. Powell est attendu jeudi en Jordanie, qui sera la base pour ses déplacements dans le cadre des efforts de paix palestino-israéliens de l'administration américaine», a confirmé mercredi le chef de la diplomatie jordanienne, Marwan Moasher. Les deux hommes devaient s'entretenir avant que M. Powell ne parte à la rencontre d'Ariel Sharon et de Mahmoud Abbas. Dimanche, le chef de la diplomatie américaine participera aussi, à Amman, à la réunion du Quartette qui rassemblera les quatre parrains de la feuille de route – USA, UE, ONU et Russie. S'en suivront des entretiens parallèles avec des représentants de différents pays, notamment arabes. «Nos attentes portent sur un accord de sécurité côté palestinien et une série de mesures que devra prendre Israël concernant un allègement des points de passages, le déblocage de l'argent (de l'Autorité palestinienne) et la libération de prisonniers politiques» palestiniens, a annoncé M. Moasher. La venue de Colin Powell sera suivie de celle de la conseillère américaine à la Sécurité nationale, Condoleezza Rice, le 29 juin. Ces deux responsables ont été chargés par le président Bush de suivre de près le processus de paix à l'issue du sommet d'Aqaba, début juin.