Saïd, fonctionnaire au ministère de l'Intérieur, a commis un crime dans sa voiture. Sa victime, un jeune homosexuel de 25 ans qui a eu le tort de demander un bonus de 30 Dh sur le prix convenu. Il était tard, en cette nuit de la première semaine de ramadan, quand Moulay Saïd commit son crime sur un terrain boisé près du complexe Moulay Abdellah à Rabat. C'est un homme marié et père de famille, la quarantaine, fonctionnaire promu à l'échelle 11 au ministère de l'intérieur. Il lui arrive de temps en temps de fréquenter les milieux de la prostitution masculine étant donné sa nature bisexuelle. Ce jour là, il était à bord de son véhicule sur l'Avenue de la Victoire en direction de Bab Rouah, en quête d'homosexuels qui passent et repassent en ce lieu de prédilection. Moulay Saïd, un habitué du coin, jette, dans le tas, son dévolu sur un jeune homme de 25 ans. Il s'agit d'un quidam fragilisé par tant d'années de chômage qui, pour gagner vie, se livre aussi bien à des expédients qu'à la prostitution homosexuelle puisque son maigre diplôme ne lui a servi à rien. Moulay Saïd stationne alors auprès de lui pour l'accoster. Tous deux échangent quelques paroles amicales pour briser la glace avant de se mettre d'accord sur le prix de la passe qui s'élève à 30 dh. Une fois le pacte scellé, il s'embarque dans sa voiture qui démarre aussitôt sur le boulevard précité, à la recherche d'un endroit aussi discret que possible. «Tu sais, je ne veux pas courir de risques vu ma situation matrimoniale et ma position sociale» devrait-il suggérer à sa victime. Après un court moment de réflexion, il opte pour un lieu planté d'arbres, situé à proximité du complexe sus-indiqué qu'il estime à l'abri de tous les regards curieux. Dès leur arrivée au faux-sanctuaire, le fameux fonctionnaire, au bout de son déchaînement sexuel, commence à déboutonner son pantalon et à en faire de même pour son objet de désir pervers. Celui-ci, surpris par la nature des positions qui lui impose une véritable gymnastique à l'horizontale, exige un prix supérieur au montant convenu, autrement, il refuserait de céder à ses caprices au goût bizarre. L'autre, pris de rage et de déception refuse de s'incliner et commence alors à lui cogner la tête contre les vitres de son véhicule avec une telle brutalité, qu'au bout de quelques instants il finit par l'achever dans son auto, le visage ensanglanté, sans pour autant vouloir vraiment attenter à sa vie. Pas loin de cet endroit, témoin de ce tragique incident, un agent de sécurité auprès du complexe sportif épiait en catimini tout le déroulement de la scène macabre. Au moment où le meurtrier, dans un état de perplexité, essaye de se débarrasser du corps de la victime, le préposé à la sécurité alerte les services de police en tant que témoin à charge. Les agents de la sûreté de Rabat débarquent dare dare pour investir le lieu du crime et arrêter le coupable. Ils surprennent à temps Moulay Saïd en quête de dissimuler le cadavre pour regagner son domicile. Cerné de tous les côtés, il n'aura d'autre choix que de se livrer aux mains de la police en flagrant délit de meurtre. Lors de son interrogatoire au commissariat de police, il s'est avéré qu'il était sous l'effet de la drogue pendant qu'il commettait son forfait et donc par voie de conséquence, en manque de lucidité puisqu'il n'était pas en possession de ses moyens. Il sera alors déféré devant la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Rabat pour homicide involontaire.