Irak. La coalition ne s'en sort plus de ses démêlés politico-militaires. Si elle peine à assurer la transition à Baghdad, elle essuie surtout de vives critiques sur la question des armes de destruction massive… En Irak, la nouvelle équipe Paul Bremer a dû revoir ses plans d'après-guerre et annoncer la création d'une administration provisoire nationale dirigée par un Conseil politique d'ici six semaines. Ce revirement a annulé de facto le processus politique en cours censé aboutir à la tenue d'un Congrès national irakien au mois de juillet. Le Conseil politique, formé de 25 à 30 membres, devra conseiller l'Administration américaine dans les domaines économique et politique. Il sera aussi chargé de nommer des ministres intérimaires et de préparer le référendum sur une nouvelle Constitution. Cet organe consultatif élaboré par les Etats-Unis a été présenté comme le porte-parole du peuple irakien dans ses rapports avec l'équipe Bremer ! Son annonce, qui n'a pas reçu l'aval des principaux mouvements irakiens, est intervenue à la veille de l'arrivée à Baghdad, lundi, du représentant de l'ONU pour l'Irak. Sergio Vieira de Mello vient y mener une mission de quatre mois, prévue par la résolution 1483 votée le 22 mai, pour coordonner les efforts humanitaires. Sa venue a par ailleurs coïncidé avec la relance de la polémique sur les armes de destruction massive en Irak, qu'Américains et alliés avaient invoquées pour justifier la guerre, et dont aucune trace n'a encore été trouvée. A Washington, plusieurs parlementaires ont déjà réclamé une enquête du Congrès sur une éventuelle manipulation des informations fournies par les services de renseignement. Les hebdomadaires Time et Newsweek ont quant à eux publié des enquêtes accusant l'Administration Bush d'avoir grandement exagéré le pouvoir de nuisance de ces armes avant la guerre. Tout comme les journaux britanniques l'ont fait à l'égard de Tony Blair. Cette polémique a même gagné l'Australie, alliée de Washington dans la guerre, suite aux propos de son ministre de la Défense, Robert Hill, qui a avoué des « imperfections» au niveau des informations réunies avant la guerre. Elle a cependant pris une ampleur particulière en Grande-Bretagne où le Premier ministre est sous le feu des critiques. Dimanche, Claire Short, ex-ministre de la Collaboration, et l'ancien secrétaire au Foreign Office, Robin Cook, sont montés au créneau pour l'accuser d'avoir exagéré la menace que représentait l'arsenal supposé du régime déchu de Saddam Hussein. Mme Short, qui a démissionné début mai, a déclaré que Tony Blair avait « leurré » l'opinion publique sur le danger d'une attaque irakienne avec des armes chimiques ou biologiques. M. Cook, qui a quitté le gouvernement au début de la guerre, a demandé l'ouverture d'une enquête indépendante sur les supposés « projets militaires » de l'ancien président irakien, lui permettant de déployer ses missiles en 45 minutes ! Les deux anciens ministres ont légitimé leurs accusations par l'absence de preuves trouvées sur le terrain. « Cela commence à ressembler à une gaffe monumentale commise par le gouvernement », a estimé M. Cook. « La question est: Y avait-il des armes ? (...) Pouvaient-elles être utilisées rapidement ? », s'est pour sa part interrogée Clare Short, précisant que les services de renseignements britanniques n'avaient rien montré de tel… Dans un entretien accordé samedi à Sky News, Tony Blair avait déclaré disposer « d'une masse d'informations » qu'il comptait « livrer à la connaissance de l'opinion publique ». Ses propos ont été confirmés dimanche par son chef de la diplomatie Jack Straw, selon lequel « les preuves sont là, publiées »…