Autrement dit «quand la ville devient un terrain de sport et une scène de spectacle» et que la jeunesse s'approprie des lieux qui n'étaient pas prévus pour cela pour s'y amuser ! Mercredi dernier se tenait une nouvelle édition du Café Politis, à l'initiative des Marocains Pluriels et de l'association Sqala, elle était consacrée au «Maroc que nous souhaitons construire», donnait la parole aux «vingtenaires» -acteurs associatifs, culturels, estudiantins, sportifs…- et avait pour grand Témoin Adnane Addioui, entrepreneur social et membre de la Commission spéciale du nouveau développement, sûrement l'un ayant le plus et le mieux les pieds ancrés dans le terrain. Chacun était amené à aborder le sujet dont il se sentait porteur : libertés individuelles, droits des femmes, restauration de la confiance, attentes de la jeunesse, etc. Je voudrais ici revenir sur deux sujets dont, hélas, nous parlons trop peu : la culture et le sport, portés par deux jeunes Moussa Laarif, président de l'association Hip-Hop Family à Rabat (très branché «cultures urbaines») et Ayoub Koutar, jeune Marocain de France rentré au pays et créateur de l'entreprise sociale «Outdoors», très novatrice. Ils ont tous les deux parlé de leurs passions avec ardeur et ont mis le doigt sur un phénomène qui est en train de conquérir nos villes : l'appropriation des espaces publics par la jeunesse. Si l'emploi reste la clé de l'insertion sociale, par excellence, il est cependant tout aussi vrai que le sport et la culture sont ce qui fait l'Homme : l'Homme capable de s'épanouir, de vivre en société, de s'ouvrir à autrui, de comprendre et d'aimer l'Autre. Une partie de notre jeunesse vit dans le sentiment de la marginalisation, la pauvreté exclut mais la misère culturelle, la misère sportive – elle- relègue aux marges de l'humanité et transforme nombre de nos jeunes en «Zombies» proies toutes désignées pour les fabricants de chair à canon ! L'état des lieux en ces domaines dans notre pays est, hélas, lamentable : tant et tant de nos jeunes – et de notre population – n'ont accès ni à la culture ni au sport… – Nos Maisons de jeunes sont dépassées, obsolètes, ringardes, annexées par des fonctionnaires qui en font leur domicile… comme hors-le-temps, et où des activités telles que les nouvelles technologies, la musique, le street art… sont du domaine de l'utopie. – Les espaces sportifs sont inexistants dans bien des communes, bien des quartiers urbains, et pourtant sous l'impulsion de SM le Roi, des terrains de sport de proximité ont été construits -grâce notamment à l'INDH – mais restent trop souvent sous la coupe de certains, qui en font un moyen de rente, et souffrent du manque d'animateurs en phase avec les attentes des jeunes et sont – de ce fait- trop souvent hermétiques aux jeunes… Bien d'autres constats peuvent être faits, mais l'important n'est pas là, l'urgence est dans l'action ! La culture et le sport sont les plus sûrs vecteurs pour favoriser l'ouverture, le vivre-ensemble, la fabrication de lien social, l'entente mutuelle, la connaissance d'autrui, le dépassement de soi… Ils sont aussi et surtout, si l'on sait les utiliser et les promouvoir, un formidable levier pour faire reculer l'exclusion : la culture, l'art, l'écriture, le théâtre , la musique, les pratiques sportives – lorsque l'on parvient à les promouvoir dans les lieux de relégation, les régions enclavées, les quartiers défavorisés, montrent qu'alors le sentiment d'exclusion recule et fait place à la créativité, la motivation, une sorte de renaissance et l'émergence d'un esprit positif ! De plus -et de nombreux pays l'ont compris- le sport et la culture sont créateurs d'emplois et de «richesses» : de véritables niches !!! Chez nous la culture et le sport ne sont pas atones, les jeunes talents foisonnent, dans chaque ville, dans chaque quartier, les jeunes s'adonnent à leurs passions -avec les moyens du bord et dans des espaces improvisés… Le sport et la culture de proximité sont une réalité que les élus ignorent hélas… et aujourd'hui nous pouvons réellement parler d'un phénomène «d'arts ludiques» qui gagne les villes. En fait une nouvelle génération d'acteurs culturels, une nouvelle génération de sportifs émergent et sont en train de déborder les –trop rares- lieux qui leur sont destinés pour «envahir» d'autres espaces, tels la rue, les sous-sol, les garages désaffectés et autres endroits tels les plages, le mobilier urbain (que les jeunes utilisent dans une activité telle «le Parkour»), les bâtiments en construction… Regardons la vitesse à laquelle le Street Workout est en train de faire de nouveaux adeptes dans nos villes… Bref nos jeunes s'approprient les espaces publics et croyez-moi nous ne sommes qu'au début de ce phénomène !