Qui aurait pu l'imaginer ! L'écrivain Jean-Pierre Koffel a consacré un polar, intitulé « Pas de visa pour le paradis d'Allah », à un attentat dans un hôtel, sis avenue des FAR à Casablanca. Où est la frontière entre la réalité et la fiction ? Les poètes sont plus voyants que les prophètes. Et combien de lignes littéraires ont recouvert la réalité, alors qu'elles ont été données à lire comme des fictions ? Le scénario de l'un des attentats de Casablanca a déjà été lu dans un roman. Jean-Pierre Koffel est l'auteur de cette coïncidence troublante. En 1997, il a sorti un polar où il est question de terroristes. Ces derniers sont venus de pays étrangers pour perpétrer un attentat au Carlton hôtel, situé à l'avenue des F.AR. près « du parking du théâtre ». Ils n'ont pas commis leurs actes criminels à l'hôtel Farah, mais dans un autre hôtel à proximité. Interrogé sur l'identité du Carlton hôtel, Jean-Pierre Koffel n'éprouve aucun mal à en révéler l'identité. Il s'agit du nom qu'il a donné au Sheraton. « J'y ai passé trois jours pour m'imprégner des lieux. Et c'est dans cet hôtel que j'ai écrit les chapitres traitant de l'attentat». Les rencontres entre l'attentat fictif et l'attentat réel ne se limitent toutefois pas au lieu. Les motivations des terroristes du livre auraient été signées à deux mains par les kamikazes de Casablanca. « Le Carlton devrait s'appeler Memphis vu qu'il ressemble à un temple égyptien. Le temple de l'alcoolisme et de la fornication, oui. C'est pas des innocents, les gens qu'il y a là-dedans. Et s'il y en a un ou deux qui dégustent, bof, ce sera pas plus mal. Des bourges pourris, des infidèles et incirconcis. Ce sera pas une perte », dit l'un des terroristes du roman. Et puis, le soir où ils se ont attaqués à l'hôtel, ils visaient aussi une «délégation israélienne». L'attaque du Carlton se distingue toutefois de celle du Farah par le fait que les terroristes n'étaient pas des kamikazes. Ils ont minutieusement caché leurs armes dans des étuis à violon et s'étaient soigneusement cagoulés avant de tirer sur les personnes présentes à un dîner de gala. Le reste de l'histoire est à découvrir dans le polar. Mais retenons d'emblée que son titre est d'une contemporanéité brûlante. Pas de visa pour le paradis d'Allah, y compris pour ceux qui tuent en son nom.