Une femme de Safi, une ville où les gens ne manquent pas d'humour, nous livre un scénario fantastique. «Lorsque le bus s'est arrêté à Had Soualem, j'ai vu un nombre incalculable d'anges l'entourer, ensuite le Prophète Sidna Mohammed est arrivé, il avait des dattes dans son «tchamir»... Lors de la fameuse bataille autour du tsunami et de l'ignoble article du Rédacteur en chef du journal intégriste, les observateurs avaient relevé le soutien affiché d'Al adl Wal Ihsan au PJD. Ceci avait alimenté quelques «analyses» politiciennes sur les stratégies des uns et des autres aussi, savantes les unes que les autres mais, à mon sens, sans substance. Si «Al adl etc», a soutenu le PJD, c'est que le fondement même de sa propagande était attaqué : une certaine pensée mystico-farfelue. Ceux qui se pâment devant «la modernité» des islamistes devraient faire un tour au site des zombies de cheikh Yassine, c'est très in un site, sa modernité, elle, dépend de ce qu'on y met. Ainsi, un reportage, vidéo sur la la marche consécutive à l'assassinat de l'autre cheikh Yassine nous livre tous les secrets de la secte de l'ex-reclus de Salé. D'abord sur son totalitarisme, la manifestation est présentée comme «la leur», ce qui est bien fait pour la gueule de ceux qui composent avec eux la veille de chaque mouvement de cette nature. La suite, elle, est à regarder à la fin d'une soirée enfumée et bien arrosée, ou alors à publier dans tous les journaux, c'est au choix. Je vous raconte, faites le vôtre. Une femme de Safi, une ville où les gens ne manquent pas d'humour, nous livre un scénario fantastique. «Lorsque le bus s'est arrêté à Had Soualem, j'ai vu un nombre incalculable d'anges l'entourer, ensuite le Prophète Sidna Mohammed est arrivé, il avait des dattes dans son «tchamir» qu'il a distribuées aux manifestantes en route «pour Rabat»!Une femme qui a une vision, c'est bien, mais les hommes n'allaient pas subir l'affront sans réagir. Alors un frère de Mohammédia livre lui aussi sa vision. Ce monsieur qui parle comme un instit, qui l'est sûrement, affirme qu'il a vu les manifestants grandir et s'élever pour atteindre le ciel, entourés bien évidemment d'anges (de quel sexe ?). Les deux Cheikh Yassine lui ont apparu main dans la main au-dessus des marcheurs agrandis par sa vision. Comme la journée était pluvieuse, il fallait bien que le scénariste en tienne compte. Notre instit affirme que les deux Yassine étaient mouillés par une pluie… de sang, mais pas n'importe quelle hémoglobine, du sang parfumé à l'encens et au musc, donc celui des martyrs conclut-il.Sur ce arrive Sidna Jebril, le Gabriel des chrétiens, pour rassurer les deux zaims sur l'inéluctabilité de la victoire. Les commentaires me sont propres, mais je vous assure que j'ai reproduit fidèlement les récits, l'emphase au moins. Vérifiez par vous-mêmes. On peut en rire bien sûr, mais cela est très sérieux. Les intégristes recrutent, en s'appuyant sur ce discours qui n'est pas suranné par rapport au fond culturel existant. Ce n'est bien, évidemment, pas ce visage que montre la pasionaria, fille de son père, aux journalistes occidentaux. Revenons à nos «visionnaires», tous les psys parleraient d'hallucinations et prescrivaient des tonnes de neuroleptiques à moins que cela ne soit l'asile. «Aladl Wal Ihsane» affirme que la vision d'un croyant est une quasi-vérité. Que chacun choisisse son monde, nous ne sommes pas faits pour vieillir ensemble.