Le ministre chargé de la Modernisation des secteurs publics, Mohamed Boussaid, a indiqué mercredi 30 mars que 162 millions de DH ont été déboursés au profit de 889 fonctionnaires au départ. L'écart entre petites et grandes échelles est réel. Explications. Quelque 162 millions DH au profit de pas plus de 889 fonctionnaires. Telle est la somme, valeur aujourd'hui, de l'opération des départs volontaires de la fonction publique. Baptisée Intilaka, cette opération a fait l'objet, mercredi 30 mars, d'un bilan d'étape, présenté par le ministre chargé de la Modernisation des secteurs publics, Mohamed Boussaid. C'était lors d'une intervention devant la commission de la législation, de la justice et des droits de l'Homme à la Chambre des représentants. Une moyenne de 180.000 DH donc par fonctionnaire au départ. A transposer sur un scénario de 30.000 départs, le pécule déboursé par l'Etat serait de 4,4 milliards DH. Le nombre de 889 représente les fonctionnaires qui ont effectivement obtenu leurs mandats de départ. Ceci, sur un total de 19.670 demandes déposées à ce jour, dont 39,36% ont été présentées par des femmes. Concernant la répartition par échelles, 6981 demandes ont été déposées par des fonctionnaires classés entre les échelles 1 et 9. Les demandes présentées par les fonctionnaires appartenant à la catégorie échelle 10, hors cadre et les échelles non définies ont atteint respectivement 14.381 et 181 demandes. Par secteurs, l'éducation nationale vient en tête avec 10.521 demandes, soit 53,49% de l'ensemble des demandes déposées. Interrogé par ALM sur l'écart remarqué entre grandes et petites échelles, le ministre précise qu'en pourcentage, les échelles 10 et plus représentent 63% des demandeurs de départs. Pour information, ces catégories représentent 45% des fonctionnaires au Maroc. Les échelles inférieures sont de l'ordre de 37% de l'ensemble. « Il est vrai que l'opération révèle un attrait légèrement supérieur à la moyenne pour les cadres. Mais ce n'est pas synonyme d'hémorragie comme on tend à le croire », commente-t-il. Mais le constat est là : plus les échelles sont élevées, plus la demande est présente. Pour le ministre, le constat est aussi prévisible qu'à nuancer. D'autant que des signes de mouvements commencent à se faire ressentir auprès de ces catégories. « Les gens préfèrent attendre jusqu'à la dernière minute. D'abord pour ne pas perdre les mois de salaires qui leur restent avant la fin de l'opération. Ensuite pour voir si les promesses se vérifient sur le terrain pour ceux et celles qui les ont précédés », explique M. Boussaid. Interrogé si des mesures plus motivantes sont envisagées pour intéresser davantage les petits fonctionnaires, le ministre affirme qu'il n'en est pas question. « Ce serait synonyme de remise en cause de la grille salariale dans l'administration, ce qui n'est pas le propre de cette opération », explique-t-il. Ceci étant, et pour les petites échelles, le plafond de 36 mois n'est plus à l'ordre du jour. Sur la question des lenteurs qui caractérisent la marche de l'opération, le ministre a plus d'un argument à faire valoir. Pour lui, il y a le fait que plusieurs départements ministériels, comme l'Education nationale, qui n'ont pas encore commencé l'examen des demandes des enseignants, année scolaire oblige. Le traitement des dossiers, établi sur trois paquets (15 avril, fin mai et fin juillet) participe également à cette lenteur. Autre argument, celui que d'autres ministère lient leur accord à certaines dispositions. Exemple : le ministère de l'Agriculture, qui conditionne son accord par l'obligation de libérer les logements de fonctions par les fonctionnaires demandeurs qui les occupent. Autre explication est que des catégories entières de fonctionnaires attendent la dernière tranche de revalorisation des salaires. C'est le cas pour les administrateurs et les enseignements, dont la dernière revalorisation est attendue, respectivement pour juillet et septembre prochains. En matière de refus, le ministre ne donne pas de chiffres, mais dit qu'ils restent « très peu nombreux » et se limitent actuellement à quelques départements. Certains commissariats d'Etat en premier. Au total, 5.598 dossiers ont été acceptés par l'administration, alors que 7.433 autres ont reçu un accord de principe. L'administration n'a pas encore statué dans 6.639 dossiers. Des données portent sur une période limitée. Le temps des interprétations est encore loin.