Plusieurs jours après la publication d'un entretien qu'il nous a accordé récemment, Ahmed Raïssouni a contesté dans une mise au point que nous reproduisons ci-dessous certains propos qu'il a bel et bien tenus dans l'interview en question. Le président du Mouvement réforme et unicité (MUR) Ahmed Raîssouni a fait une mise au point qu'il a adressée à notre journal à propos de l'entretien qu'il nous a accordé et que nous avons publié dans notre édition du lundi 12 mai. Dans cette mise au point, l'auteur fait passer les deux journalistes qui ont réalisé l'interview pour des gens malintentionnés qui ont dénaturé certains passages de son entretien se rapportant notamment à l'institution du commandeur des croyants. Un des passages dit : “ L'actuel Roi, vu sa formation, ne peut pas assumer la prérogative de la Fatwa qui revient essentiellement à Amir Al Mouminine. Il devrait donc la déléguer. D'autant plus que le besoin se fait sentir car actuellement nous n'avons pas de moufti au Maroc, ce qui est grave. Il faut donc remplir ce vide“. M. Raïssouni affirme que les réponses qu'il a faites à ce sujet ont été dénaturées prétendant que celles-ci ont été mal traduites (de l'arabe au français), ajoutant que certaines de ses déclarations ont été sorties de leur contexte. Ce n'est pas dans l'habitude de notre journal de déformer les propos des gens auquel il ouvre ses colonnes. De telles pratiques sont contraires à la déontologie journalistique. Nous nous sommes attachés à reproduire fidèlement la teneur de l'interview de l'intéressé. Pour prouver notre bonne foi, nous sommes disposés à verser la cassette de l'enregistrement à une commission déontologique pour défendre la crédibilité de notre publication que Ahmed Raïssouni a cherché à entacher. C'est regrettable que M. Raîssouni, un homme du reste responsable, en arrive à ce genre de méthodes. Et puis, il n'a jamais été question, une fois l'interview retranscrite, d'envoyer à l'auteur pour d'éventuels rajouts ou rectifications, le texte de l'entretien comme il le prétendait dans sa mise au point. Tout ce qu'il y a c'est que Ahmed Raïssouni, alors qu'il prenait congé des deux journalistes d'ALM, a engagé la conversation sur “certains journaux francophones“ qui ont pris l'habitude de déformer ses propos. “ Ce ne sera pas le cas avec nous“, avons-nous assuré à notre interlocuteur qui nous a témoigné sa confiance. Il n'a pas du tout formulé à notre intention la demande de vérifier le texte de l'entretien avant sa publication. Cette marque de confiance nous a réjouis. D'ailleurs, le quotidien Attajdid, organe officiel du MUR, n'a pas contesté ne serait-ce qu'un mot de l'interview publiée par ALM dans son édition du lundi 12 mai 2003. Dans un premier temps, «Attajdid» a même reproduit les réponses de Ahmed Raïssouni dans le cadre de l'entretien (les questions d'ALM ont été sucrées) tout en contestant dans un édito le ton de notre éditorial qui a accompagné l'interview. Pourquoi «Attajdid» n'a-t-il pas contesté du premier coup l'entretien en question ? Ce n'est que dans son édition du lendemain que «Attajdid» est revenu sur notre entretien avec la mise au point de M. Raïssouni contestant le passage relatif à l'institution du commandeur des croyants. Tout se passe comme si Ahmed Raïssouni était sommé de faire un démenti et de revenir sur les propos qu'il a bel et bien tenus dans notre journal. Car les déclarations de M. Raïssouni ont irrité plus d'un et agacé le secrétaire général du PJD Abdelkrim Al Khatib. Cette affaire a provoqué une tempête dans le parti. Du coup, la polémique s'installe et des journaux arabophones se sont rapidement emparés de ce qui est devenu une affaire. L'affaire Raïssouni.