La stratégie de formation des ingénieurs au Maroc, bien qu'ayant revêtu un caractère pragmatique et sectoriel, commence à montrer ses limites. Les écoles ou instituts de formation des ingénieurs relèvent de la tutelle de plusieurs ministères. S'il est une question qui reste constamment à l'ordre du jour pour un établissement de formation et qui en préoccupe les responsables c'est, entre autres, le problème de l'adéquation entre la formation donnée et les qualifications requises sur le marché d'emploi qui permet au jeune diplômé de pouvoir s'insérer dans la production avec une période d'adaptation la plus réduite possible. Dans ce sens, la stratégie de formation des ingénieurs au Maroc, bien qu'ayant revêtu un caractère pragmatique et sectoriel, commence à montrer certaines limites. Les écoles ou instituts de formation des ingénieurs relèvent, pour la plupart, de la tutelle de ministères différents. Une telle approche supposait l'aptitude des différents départements ministériels à évaluer et à planifier leurs besoins. Aussi, l‘approche visait l'encadrement des secteurs clefs (secteur industriel, agriculture, statistique et informatique, poste et télécommunication.. .), La marocanisation des postes techniques, la mise en oeuvre de projets de développement ainsi que la satisfaction des besoins de l'économie en compétences techniques hautement qualifiées. Comme présentée dans une étude de l'Ecole Mohammedia des Ingénieurs, cette approche était accompagnée de moyens de motivations appropriés telles que la signature d'un contrat de travail de huit ans, la perception d'un pré-salaire pendant la durée de formation, la garantie d'un logement et la garantie d'embauche. S'il est vrai que cette approche a atteint ses objectifs, la question se pose actuellement sous un autre aspect. Est-il, par exemple, normal que les ingénieurs continuent à êtres massivement intégrés par le secteur public ? «Une cinquantaine de lauréats de l'Ecole Hassania a rejoint le ministère de l'enseignement national parce que les délégations régionales demandaient des ingénieurs locaux. J'estime que c'est un manque à gagner pour le privé notamment» commente un responsable recrutement au sein d'un cabinet. Aussi, ajoute-t-il, il existe encore peu de suggestions entre le besoin souvent mal exprimé en quantité et profils d'ingénieurs et « le produit » livré à Ia société. Toute formation ne peut être conçu et planifié que si elle est élaborée à partir d'objectifs clairement définis au préalable. Par ailleurs, la pyramide de qualification, ayant à son sommet l'ingénieur, en tant que concepteur, demeure incomplète vue le manque de techniciens supérieurs sans lesquels le travail de l'ingénieur reste inachevé.