Gérard Majax, un magicien, un illusionniste de renommée internationale, est un amoureux de la ville ocre. Parcours d'un artiste pas comme les autres. Quand on parle de Marrakech, on lui associe souvent une ville à odeurs de beauté, une ville de dépaysement mais très souvent on parle d'une ville magique qui envoûte les touristes étrangers. Parmi ceux-ci, il y a aussi les magiciens qui sont attirés par Marrakech. L'un des magiciens les plus célèbres de France et de par le monde est un grand habitué de notre ville. Chaque fois il y revient avec autant de plaisir et d'enchantement. Nous nous sommes rencontrés il y a une quinzaine d'années et encore en ce début de mois de mai 2003 où il vient de passer une douzaine de jours pour préparer avec d'autres magiciens le premier Festival mondial de la magie à Marrakech en mars 2004. Signalons que parmi ces magiciens se trouvent des noms non moins célèbres comme Baby Dahan, le président du festival à venir et Georges Proust de Paris pour ne citer que ceux -ci… En fait, Gérard Majax est un monument de la magie, né sur la côte d'Azur en plein cœur de la vieille ville de Nice, il a suivi à l'âge de 5 ans, ses parents à Paris où il poursuivit ses études au lycée puis à l'Ecole normale et enfin à l'Institut de la psychologie de la Sorbonne. En parallèle, une passion pour l'art magique (à l'âge de 12) ans l'a amené à se produire dans des restaurants spectacles et des cabarets de la capitale française durant ses études, pour gagner sa vie et aider ses parents de condition modeste. Sa carrière professionnelle démarre vraiment en 1970, avec la tournée mondiale du «music- hall de France» qui durera 20 ans au cours de ses escales à Paris, il propose à la télévision une émission-jeu basée sur la magie qui sera acceptée en 1975. Ce sera le triomphe médiatique avec l'émission quotidienne «Y'a un truc» programmée sur France 2 avec un grand succès, juste avant le journal télévisé de 20h. Il s'agit du jeu basé sur des énigmes de physique amusantes suivies de démonstration de prestidigitations, utilisant les mêmes objets. Majax restera à la télé en produisant «Passe-Passe», «Abracadabra», «Magic Hal»l et «Magic club», et en participant régulièrement à d'autres émissions. Par exemple à «C'est l'heure» de J. Luc Delarue, avec des séquences de caméra-cachée dans «Les 7 péchés capitaux» de Julien Courbet et encore et encore… Majax n'a pas pour autant oublié la scène, il présenta «Magie autour du monde», basée sur l'humour et l'illusionnisme, il participe aussi à des spectacles de théâtre combinant comédie et magie comme «Carré magique», de Sylvia Monfor ou «Félicité» (pièce antiraciste) et apparaît comme «guest star» dans plusieurs séries télévisées. Comme écrivain, Majax produit des livres manuels et des livres romancés: «Le pouvoir de la magie», «Garougourou» et les «faiseurs de miracles» (avec une aventure vécue au Maroc). Il produit aussi des cassettes-vidéo et des CD rom, le tout concernant la magie. Gérard Majax a été aussi le directeur artistique du festival de Magie, celui de Blois, de Cannes et depuis 12 ans de Juan les Pins (La Colombe d'or). Son aventure magique continue avec mille et un projets… Quand nous nous sommes rencontrés, Gérard m'a tout de suite dit de belles choses sur le Maroc et Marrakech en particulier qu'il adore et où il a plein d'amis. Je lui ai posé plein de questions et il était très disposé à y répondre. Je vais le faire connaître aux lecteurs marocains. À la question sur son activité magique, il pense que l'illusionnisme n'apparaît plus puissant que si l'on utilise des objets courants et si l'on se sert plus de la manipulation que de trucages mécaniques, et pour lui, c'est l'humour qui va transcender ces effets magiques pour en faire un spectacle charmant et pour tous les goûts. Les études de psychologie qu'il a faites à la Sorbonne lui ont beaucoup servi pour deux raisons : la première, pour la création d'une mise en scène où le second degré reste présent rejoignait ainsi le théâtre; la deuxième, c'est l'opposition à toutes formes de pratiques de parapsychologie (sorcellerie, magie noire, démonstrations paranormales) qui récupère des trucages pour faire croire au public que la «vraie» magie existe .Je lui demande si c'était une véritable croisade anti-paranormale? Non, répond-il, car la voyante du coin ou le sorcier de service qui donnent des conseils de bon sens, ou distribuent des plantes (placebo) ne le dérangent nullement. Par contre, il a pris fortement position face à des gourous de sectes dangereuses ou à des soi-disant maîtres de la télékinésie (action supposée de l'esprit sur la matière) qui prétendent guérir le cancer à distance. J'étais pressé de savoir si Majax qui aimait Marrakech, avait déjà pratiqué son art chez nous au Maroc ? Il a en effet exercé son art plusieurs fois. Déjà à l'âge de 23 ans, aux casinos de Fédala (Mohammédia actuellement) et celui de Marrakech de l'hôtel Essaadi , il se produisait à l'occasion des fêtes de fin d'année puis au Palais royal de Fès pour feu S.M Hassan II. Une fois, feu S.A.R. le Prince Moulay Abdellah l'invita chez lui. Son dernier spectacle fut donné à l'occasion du nouvel an lors de l'ouverture du Palais des congrès à Marrakech en 1989. Il y a quatre ans, il fait une tournée de conférences-spectacles dans les centres culturels français du Maroc. A Marrakech, il me raconta avoir fait un gag en faisant un spectacle impromptu sur la Place Jamaa El Fna avec un ami, la quête lui rapporta 62 dirhams en 15 mn, il me dit qu'à ce prix il pouvait gagner sa vie correctement (à 248 dh/heure). Majax est actuellement à Marrakech pour un grand projet que prépare son ami magicien, Baby Dahan, originaire de Meknès qui a eu l'idée d'instituer un festival mondial de la magie à l'instar de celui du film qui a lieu, chaque année en septembre. Ce sera un événement exceptionnel de magie chaque mois de mars, dans notre ville et où participeront les meilleurs magiciens de France et d'ailleurs dont le premier convaincu est Georges Proust, historien de la magie et spécialiste des effets spéciaux, qui aidera à la réussite de ce festival. Majax ne voulait pas me dire plus sur le festival et son contenu, il le laisse secret car il y aura beaucoup de bonnes surprises pour la population de Marrakech et tous les spectateurs venus d'ailleurs. Vraiment, je lui ai demandé si le secret était une composante de cet art magique si étonnant et si méconnu encore au Maroc et je voulais aussi qu'il me parle d'une invention brevetée à lui, dont parlent beaucoup les médias à l'étranger. En effet me dit-il, c'est le brevet d'un appareil magique qu'il a créé et qui porte le nom : L'hallucinoscope. C'est un appareil visuel qu'une personne se met sur la tête et qui lui procure des sensations spéciales et cet appareil crée, notamment, une réalité virtuelle sans fil ni électronique. Il s'agit d'un casque à système de miroirs qui vous donne l'illusion de traverser la matière ou de marcher en lévitation. Un circuit construit spécialement et comportant un décor adapté au thème constitue une attraction qu'il développe dans le monde entier. En France, on peut le voir et l'essayer dans deux lieux magiques: Le temple du mystère au Parc d'attractions : La mer de sable, près de Paris et La maison de la magie à Blois, sur le thème des «Vingt mille lieux sous les mers». En visitant ce dernier, on a l'impression de marcher sous la mer en traversant des plantes aquatiques, des rochers, un sous-marin Nautilus, une pieuvre géante, des requins… en fait une cité engloutie Atlantis… En l'écoutant, Gérard Majax me fait rêver et je voulais savoir où l'on pourrait admirer prochainement l'exécution de son art pour apprécier mieux la magie. Ce sera à Avignon, en juillet prochain lors du festival de cette ville, dans un lieu sublime, «Le théâtre de la salle». Durant ce spectacle, il crée une version théâtrale de l'art magique : «The great Zoltan» qu'il finit d'écrire actuellement et qu'il va jouer en compagnie d'une comédienne et d'un assistant. C'est l'histoire d'un illusionniste qui a mal tourné et qui est devenu sorcier et un terrible gourou, patron d'une secte abominable. Est-ce que Zoltan ne représente pas Gérard Majax dans la réalité étant donné que les écrivains affirment leurs écrits comme autobiographiques ? Il m'a dit que pour les effets magiques, c'est certainement lui, quant à la carrière certainement pas lui car dit-il : « J'aime trop la liberté, la joie, la vie et les spectateurs. J'aime aussi le peuple marocain, son Roi et les Marrakchis. Alors vois-tu Aziz, j'essaye par mon travail d'être illusionniste, dans le but unique de procurer au public un amusement. C'est ce qu'on appelle la magie». Alors, à bientôt Gérard, sûrement l'an prochain en mars, pour le Festival de la magie à Marrakech.