Le textile et habillement est l'un des rares secteurs qui a trouvé à redire sur les accords du 3O avril. Par la voix de leur association (Amith), les professionnels de cette filière ont dénoncé, dès la signature des accords du 30 avril, la hausse du SMIG de 5% sur 2 ans décidée pourtant à l'unanimité des partenaires sociaux. Le textile et habillement est l'un des rares secteurs qui a trouvé à redire sur les accords du 3O avril. Par la voix de leur association (Amith), les professionnels de cette filière ont dénoncé, dès la signature des accords du 30 avril, la hausse du SMIG de 5% sur 2 ans décidée pourtant à l'unanimité des partenaires sociaux. Argument avancé : cette augmentation est de nature à porter un coup sérieux à la compétitivité d'un secteur où la concurrence est des plus féroces. Un argument peu recevable. Dans l'absolu, la sortie de l'AMITH n'est pas compréhensible. Elle a même quelque chose de choquant, voire d'indécent puisqu'elle fait apparaître les entrepreneurs du textile comme des adversaires de l'amélioration des conditions de la classe ouvrière. Et puis, une telle attitude réduit la main-d'œuvre à une simple charge au même titre que les autres coûts de production alors qu'une augmentation du SMIG dans un pays comme le Maroc où le coût de la vie est assez élevé est susceptible, non seulement d'être un facteur de motivation des bénéficiaires, mais aussi un levier important pour améliorer le pouvoir d'achat et relancer la consommation. Apparemment, les textiliens ne voient pas les choses sous cet angle, privilégiant une vision strictement comptable de leur activité. Cette vision n'est pas de nature à effacer l'image d'exploiteurs des ouvriers qui colle aux opérateurs de ce secteur. Bien au contraire. Pourtant, l'ouvrier des usines en général, au même titre que le cadre d'une entreprise high tech, doit être considéré comme un partenaire fondamental sans lequel il n'y a point de production, de commandes, de chiffre d'affaires, de bénéfice. Plutôt que de dénoncer la hausse du SMIG comme un frein à la compétitivité, les professionnels du textile auraient été mieux inspirés de s'appuyer sur cette mesure sociale pour demander à leurs salariés de fournir plus d'efforts pour augmenter le niveau de la productivité jugée généralement par les patrons marocains comme étant peu satisfaisante. Quant à la situation financière du secteur et la crise qui le frappe, elles peuvent à la rigueur faire l'objet de négociations à part comme celles qui ont abouti, en août dernier, à la mise en place d'un contrat-programme 2002-2010 entre les pouvoirs publics et l'Amith. Un accord en vertu duquel le secteur a bénéficié de nombre d'avantages censés améliorer sa compétitivité par rapport à la concurrence, notamment la réduction de 50 % des charges patronales et une ristourne sur le coût de l'énergie. En contestant la valorisation du SMIG, l'Amith cherche-t-elle à décrocher d'autres cadeaux ? En montant à chaque fois au créneau pour se plaindre, les industriels du textile, qui ont décidément fait de la main-d'œuvre à bas prix le seul critère de leur compétitivité, donnent en tout cas l'impression d'une fédération qui ne fait que revendiquer sans rien donner en retour. Une situation qui commence à exaspérer le gouvernement et même la CGEM.