Le protocole d'accord sur le dialogue social, intervenu dernièrement, ne fait pas que des heureux. Cependant, en face, des partenaires sociaux font preuve de sérénité. Pour eux, les jeux sont faits. Par contre les professionnels du textile remettent tout en cause. Ce n'est pas sérieux. Est-ce un retour à la case départ en matière de dialogue social ? Les nouvelles charges, suite à l'accord social intervenu le 1er mai dernier, vont grever la compétitivité des entreprises à l'international, estiment certains opérateurs. Indignés, des professionnels, de différents bords, font état de leur colère. Une colère difficilement contenue que Salah Eddine Mezouar, président de l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH), a également dirigée vers la CGEM "qui n'a pas pris la peine de se concerter ni d'avertir les fédérations et associations dont l'Amith, pourtant présentes le 30 avril" a-t-il déclaré. De son côté, Mohamed Chraïbi, président de la FENAGRI, s'est dit surpris par la hausse du smig. «Cette mesure est mal venue pour le secteur agroalimentaire qui est un grand consommateur de main-d'œuvre. Cette augmentation contribuera sans doute à enfoncer encore plus le secteur dans l'informel», avait-il déclaré à l'hebdomadaire «La Vie Eco». D'autres, à l'image des sous-traitants, mettent en avant la logique de compétition internationale. Le Maroc deviendrait le pays le plus cher au niveau du coût horaire, laissent-ils entendre. En face, les partenaires sociaux font preuve d'une sérénité doublée d'une maturité inhabituelle. Ainsi, l'UMT qui, soit disant au passage, a rompu avec sa tradition établie depuis plusieurs années de ne rien signer avec le gouvernement en exercice, a apposé sa signature au bas du protocole d'accord sur le dialogue social intervenu entre le gouvernement, les centrales syndicales et la CGEM le 30 avril dernier. La centrale d'El Mahjoub Bensedik en fait une question de parole donnée «sinon nous allons agir en conséquence» laisse entendre l'UMT. De son côté, l'UGTM ne manque pas l'occasion de rappeler que sa position, lors des discutions, visait la négociation de la question d'augmentation du Smig dans le cadre des conventions collectives et non son innervation au protocole d'accord afin de gagner en flexibilité. «Mais actuellement, on ne revient pas en arrière», laisse entendre la centrale d'Abderrazak Afilal. Toutefois, pour la centrale de Noubir Amaoui, la CDT, «les dés sont déjà jetés. Rien ne sert d'avancer d'un pas pour reculer de deux», est-il précisé. En général, les trois centrales contactées s'inscrivent en faux contre la déclaration des industriels qui estiment qu'ils n'ont pas encore digéré la première augmentation du Smig en 1999 et redoutent de retomber encore une fois dans les affres d'une nouvelle crise, suite à la décision prise par le gouvernement lors du dialogue social avec une augmentation du Smig de 10 %. Les syndicats rappellent que la première augmentation (1999) n'a pas eu une application effective. Au contraire, un rappel des avantages obtenus lors de l'accord-cadre 2002-2010 devrait largement compenser le manque à gagner pour l'industrie textile suite à l'augmentation de 10%. Parmi les mesures retenues, instaurer un nouveau mécanisme de financement à travers la mise en place d'un Fonds de Restructuration Textile (FORTEX) d'une enveloppe de 100 millions de dirhams renouvelables, la prise en charge, pendant 3 ans, 50 % des cotisations patronales de la CNSS pour les salaires inférieurs ou égaux à 2.500 dh/mois.(480 millions de dirhams) ainsi que l'octroi, durant une période de trois années, d'une ristourne de 0,20 DH/kwh sur la consommation d'énergie (130 millions de dirhams). Par la suite, les professionnels du textile ont décidé de demander, en guise d'accompagnement, sinon de compensation, que la réduction de 50 % des charges patronales sur les cotisations sociales soit directement prélevée à la source, quels que soient les arriérés de l'entreprise. Et qu'il en soit de même au niveau de la facture énergétique avec la ristourne de 20 centimes par kwh. En plus, la demande se fait autour de l'augmenter la dotation du Fortex à 500 millions de DH pour que près d'un millier d'entreprises puissent en bénéficier contre seulement 100 aujourd'hui.