Etude menée par le Haut-Commissariat au Plan et l'Onu Femmes Ce sont seulement 2% des indicateurs sensibles au genre qui proviennent des sources administratives. Ce chiffre minime ressort, mercredi à Rabat, de l'étude menée par le Haut-Commissariat au Plan et l'ONU Femmes, sur l'état des lieux analytique des statistiques sensibles au genre au Maroc, qui précise que les 98% restants, fournis par le système statistique national, sont issus des recensements ou des enquêtes statistiques. Un diagnostic ayant porté sur une base de 163 indicateurs sensibles au genre dont 109 indicateurs figurent parmi les 244 indicateurs ODD (Objectifs de développement durable). 33 indicateurs étant parmi les 52 du «Minimum Set» (série minimum) proposés par la Division de statistique des Nations Unies et 21 «indicateurs supplémentaires» proposés par l'ONU Femmes. Le tiers des indicateurs difficilement accessible Il ressort également de cette étude que le tiers des indicateurs utilisés est difficilement accessible. Cela étant, 74% des indicateurs de la liste des indicateurs sensibles au genre retenus pour le diagnostic sont utilisés. Sur l'ensemble des 163 indicateurs sensibles au genre, 99 indicateurs (soit 60,7%) sont produits par les différentes composantes du système statistique national. Près de la moitié de ces indicateurs est produite à une périodicité annuelle ou biannuelle. Parmi les 99 indicateurs produits au niveau national, 81 sont produits par le HCP, dont 42 indicateurs d'une façon exclusive. 90,8% des indicateurs sont jugés pertinents pour l'élaboration et le suivi-évaluation des politiques publiques et des engagements de notre pays dans le domaine des cadres de références internationaux particulièrement les Objectifs de développement durable, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) et le plan d'action de Beijing. Cela étant, le diagnostic a été mené dans deux zones pilotes. Casablanca-Settat produit plus de chiffres L'étude a porté sur Casablanca-Settat, considérée comme région à fort potentiel en matière de statistiques genre. Quant à Drâa-Tafilalet, elle est considérée comme une région à faible potentiel. Au-delà de ces chiffres, la présentation de ce diagnostic était l'occasion pour le haut-commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami, de s'exprimer sur les conditions des femmes au Maroc qui subissent des «conditions de vie injustes». «Quand la femme ne représente que 24% de la population en activité et lorsqu'elle est rémunérée à raison de 26% de moins que le niveau des hommes, c'est une situation intenable pour la femme et une honte pour la société, voire un handicap pour le développement du pays», estime-t-il. Pour le responsable, la question des inégalités de salaire et d'accès à l'emploi se règle par des lois, règlements, la veille de la société civile et des autorités compétentes. «Nous avons essayé de promouvoir la statistique de genre», enchaîne M. Lahlimi. Pour rappel, cette étude fait partie du programme «Prendre en considération chaque femme et chaque fille». Ce programme liant le HCP à l'ONU Femmes est destiné à développer les statistiques sensibles au genre pour le suivi et l'évaluation des Objectifs de développement durable et des stratégies nationales en matière d'égalité des sexes et d'autonomisation des femmes; il concerne dans une expérience pilote 12 pays dont le Maroc. Appel à un cadre juridique actualisé pour la production statistique L'étude recommande principalement l'actualisation du cadre juridique régissant la production statistique au Maroc. Les textes de loi relatifs au système statistique national devraient promouvoir une production régulière, coordonnée et pérenne des statistiques sensibles au genre au Maroc ainsi que leur utilisation. Le diagnostic appelle également à la mise en place d'une stratégie nationale visant le développement des statistiques sensibles au genre et leur utilisation dans les politiques publiques. La même étude recommande l'institutionnalisation, au niveau des structures productrices et utilisatrices des statistiques sensibles au genre au Maroc, d'une unité de coordination dédiée. Aussi, l'étude exhorte au renforcement des capacités des cadres relevant des institutions concernées en matière de collecte, d'analyse, de diffusion et d'utilisation des statistiques sensibles au genre. Le diagnostic recommande de plus la création de canaux de communication entre les producteurs et les utilisateurs de statistiques sensibles au genre pour répondre à leurs besoins en statistiques et la mise en place de plate-forme d'accès facile à tous les utilisateurs.