L'automobiliste s'arrête, la nuit, pour faire monter une prostituée. Il prend ensuite une rue donnant sur le boulevard Mohammed V, où il se gare. II était loin de se douter qu'il est tombé dans une souricière. Bien que ce veilleur de nuit nie avec force avoir agressé le ressortissant français, les limiers de la première section judiciaire de la Sûreté de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ, à Casablanca n'avaient pas du tout l'air convaincu. Le ressortissant français, insistait sur le fait que c'est bien ce veilleur de nuit qui l'a agressé, la veille à une heure tardive de la nuit, alors qu'il était à bord de son 4x4, dans une rue donnant sur le boulevard Mohammed V et la cour d'appel de Casablanca. Il affirme que son agresseur lui a extorqué 200 euros et 250 dirhams. Certes la fouille corporelle a permis aux enquêteurs de découvrir dans les poches du veilleur une somme de 250 dirhams et les investigations leur ont permis de savoir qu'il est un repris de justice. Seulement, ils ne justifient pas sa mise en cause. Et les 200 euros ? Le veilleur clame son innocence en réponse aux questions. Tout enquêteur digne de ce nom est doué d'un sixième sens. Et les limiers de la première section judiciaire de Hay Mohammadi n'y font pas exception. Leur flair leur a mis la puce à l'oreille. Ils n'arrivent pas du tout à croire aux accusations du ressortissant français. Et ils décident d'approfondir leurs investigations et d'entamer une surveillance aux alentours du lieu de l'agression afin de tirer l'affaire au clair. Entre-temps, un jeune homme vient déposer plainte devant la police. Il conduisait sa Fiat Uno, à une heure tardive de la nuit, quand une jeune femme surgit au boulevard Mohammed V. Il s'arrête. Elle ouvre la portière et monte. Le conducteur tourne à gauche vers la rue donnant sur la cour d'appel. Une fois qu'ils commencent à se dévêtir, deux solides gaillards viennent les surprendre. La fille se lève et les laisse fouiller le jeune homme. Ils lui soutirent une somme de 70 dirhams et son pantalon avant de lui intimer l'ordre de descendre de la voiture. Ils y montent, tous les trois et disparaissent. Trois jours plus tard, la voiture est découverte abandonnée près de la cour d'appel. Une enquête est ouverte aussitôt. Au moment où quelques limiers de Hay Mohammedi conduisent le veilleur de nuit mis en cause vers le parquet général près la cour d'appel, d'autres éléments ont arrêté Mounir et Najia. Ils sont les auteurs de l'agression perpétrée contre le jeune homme à la Fiat Uno. Mounir, 33 ans, a quitté l'école à la 3ème année de l'enseignement fondamental. Il a travaillé durant plusieurs années chez des commerçants, dans des ateliers de fabrication de chaussures, chez un prothésiste pour se retrouver chômeur du jour au lendemain et devenir finalement un voyou. Depuis, il a commencé à se droguer, à agresser les passants et à faire des cambriolages. Il a été arrêté en 1998 et condamné à 8 mois de prison ferme pour vol. Une fois libéré, il est retourné en prison une fois encore pour passer 3 ans de prison pour vol qualifié. Quand il est libéré au début de 2002, il rencontr Najia. Elle a 21 ans et est issue d'une famille pauvre. Son père a été arrêté en 1994 pour viol. Seulement il s'est évadé. Depuis, elle a travaillé comme domestique chez des familles avant de se marier en 1998 et accoucher de deux jumeaux. Une année et demie plus tard, elle a été répudiée pour être livrée à son propre sort. Elle rejoint une tante paternelle, proxénète à Derb Milan. Cette dernière l'a incitée à la débauche pour gagner sa vie et Najia a fini par faire le trottoir au boulevard Mohammed V. Quand Mounir l'a rencontrée, il lui a demandé de s'associer à lui pour agresser les automobilistes. Sa tâche consiste à les inciter à la débauche en les conduisant la nuit vers la ruelle obscure donnant sur la cour d'appel de Casablanca. Une fois, dans la voiture, elle commence à se dévêtir pour rassurer le client. C'est à ce moment qu'intervient Mounir. Mounir et Najia ont reconnu avoir perpétré sept agressions dont une contre un étranger. Convoqué, le ressortissant français, qui a accusé un innocent, est resté bouche-bée. Et dès que Mounir et Najia, de bien pâles imitations du célèbre duo américain Bonnie & Clide, ont mis les pieds en prison, le veilleur de nuit a retrouvé sa liberté.