La France est restée fidèle à la ligne qu'elle s'est fixée depuis le début de la crise irakienne, qui a fait d'elle le chef de file du camp de la paix. L'ambassadeur de France au Maroc est monté au créneau pour dissiper toute confusion en expliquant les motivations réelles de Paris. «Les faits parlent d'eux-mêmes, le reste n'est que manipulation et désinformation», déclare Frédéric Grasset, ambassadeur de France au Maroc lors d'une rencontre informelle, mardi, avec la presse à Casablanca. Après un rappel de la position française «s'inscrivant dans une continuité, contrairement aux autres parties prenantes dans le conflit irakien», comme se plaît à rappeler l'ambassadeur, un constat s'impose : une large majorité des pays indécis n'a pas apporté de soutien à la position américaine. «Il y a lieu de constater que le veto ne s'est pas exercé. Face à ce fait, le reste n'est qu'accusations mercantiles sans fondement», ajoute Frédéric Grasset qui a réitéré, avec force, la position française, partagée par la grande majorité de la communauté internationale. Dans ce sens, il cite le président de la République française Jacques Chirac qui estimait que le désarmement de l'Irak était "nécessaire" et qu'un changement de régime à Bagdad était "souhaitable". Pour autant, "il n'y a pas là de justification à une décision unilatérale de recours à la guerre", a-t-il dit. "L'Irak ne représente pas aujourd'hui une menace immédiate telle qu'elle justifie une guerre immédiate", a-t-il insisté. Le recours à la force sans l'aval de l'Onu "est une décision grave, alors que le désarmement de l'Irak est en cours et que les inspections ont démontré qu'elles étaient une alternative crédible pour désarmer ce pays", a assuré M. Chirac. Répondant aux critiques américaines sur sa menace de veto qui aurait mis à mal l'unité du Conseil du sécurité, M. Chirac a invoqué "la primauté du droit". "La France a agi au nom de la primauté du droit et en vertu de sa conception des rapports entre les peuples et entre les nations", a-t-il dit. "Les derniers débats ont clairement montré que le Conseil de sécurité n'était pas disposé, dans les circonstances présentes, à cautionner une marche précipitée à la guerre", a ajouté M. Chirac au lendemain du retrait par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Espagne, faute d'avoir réussi à rallier une majorité du Conseil, d'un projet de résolution ouvrant la voie à la force. «La fin de la guerre ne signifie pas le début de la paix, elle restera à construire», conclut l'ambassadeur de France au Maroc.