L'Instance Equité et Réconciliation a tenu, à Marrakech, sa sixième édition des auditions publiques. Au siège de la Chambre de commerce, d'industrie et des services, ces séances ont permis aux victimes de s'extérioriser. C'est à Marrakech que s'est tenue la sixième édition des auditions publiques, organisée par l'Instance Equité et Réconciliation. Les témoignages entendus lors de cette séance ont levé le voile sur, entre autres, le cas des militants de gauche du mouvement " Ittihadi " dans les années 1960 et 1970, ainsi que sur le rôle joué à l'époque par les mères des détenus et leurs proches confrontés à la problématique des droits de l'Homme. Tenue au siège de la Chambre de commerce, d'industrie et des services (CCIS), édition des auditions publiques s'est déroulée comme les précédentes. M'barek Bouderka, membre de l'IER, a précisé que cette sixième édition se place sur les mêmes ondes de longueur des précédentes séances des auditions publiques. Il a toutefois insisté que les dix anciennes victimes des violations des droits de l'Homme présentes lors de cette édition ont exprimé leurs souhaits d'appréhender sereinement l'avenir. Il faut noter que sur ces dix personnes, il y avait trois femmes. Relaté par la MAP, le témoignage de Abdeljalil Toulaymat est saisissant. Il avait du mal à parler de son expérience personnelle dans les bagnes et a tenu à préciser qu'« il éprouve des difficultés à donner plus de détails et à relater les souffrances qu'il a vécues ». Et d'ajouter qu'« il a été incarcéré deux fois en 1977, alors qu'il était encore étudiant à la faculté des lettres de Rabat, pour être conduit à Derb Moulay Chrif où il a purgé une peine de six mois d'emprisonnement, puis il a fait l'objet d'une détention préventive à la prison de Meknès pendant trois ans, avant d'être acquitté ». Abdeljalil Toulaymat, 50 ans, est actuellement un inspecteur de philosophie à l'Académie de l'Education et Formation de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer. Il est également membre du bureau politique de Parti Socialiste et Démocratique (PSD). Lors de cette sixième édition des auditions publiques, le témoignage de Mohamed Mahri, une autre victime des années de plomb, a révélé le niveau de la violation des droits de l'Homme durant cette époque-là. Mohamed Mahri a rappelé le calvaire qu'il a vécu lors de sa détention, alors qu'il s'apprêtait à passer l'examen du baccalauréat le 25 juin 1964. Dans un premier temps, il avait été conduit au centre de détention de Derb Moulay Cherif, où il avait passé une période de quatre mois. Mohamed Mahri a affirmé avoir subi "différentes formes de tortures" dans ce centre avant d'être transféré le 10 octobre 1964 à la prison civile de Casablanca, puis le 21 janvier 1967 à la prison civile de Marrakech. En janvier 1967, il s'est présenté devant le tribunal où il a été condamné à trois ans de prison, avant d'être libéré en avril 1967. Mohamed Mahri a 61 ans et il était instituteur dans le secteur de l'enseignement primaire pendant 36 ans. Pour sa part, Salah El Ouadie, membre de l'Instance Equité et Réconciliation, a indiqué que le bilan des cinq précédentes séances organisées par cette institution, «démontre que les objectifs attendus de la tenue des auditions publiques ont été atteints ». Après Marrakech, la prochaine étape est la ville d'Al-Hoceima.