L'univers du 7ème art au Maroc est en train d'évoluer grâce à une certaine émergence de la production cinématographique. Néanmoins à côté de cette situation, des contradictions et des insuffisances existent. L'année 2004 a connu une profusion de films marocains. Les professionnels du cinéma marocain sont tous unanimes quand à une certaine évolution du cinéma marocain. Ceci est dû non seulement au développement de la production cinématographique, mais aussi aux efforts qui ont été réalisés au niveau de l'aide à la production cinématographique. A côté des films autour de la thématique des années de plomb et des droits de l'Homme (La chambre noire et Jawhara), il y a eu l'opus de Mohammed Asli à Casablanca, les anges ne volent pas qui depuis sa sortie n'a pas cessé d'accumuler des prix et des distinctions. En outre, l'évolution dans le secteur cinématographique est aussi ressentie à travers le travail qui a été réalisé par le centre cinématographique marocain (CCM) au cours de l'année 2004. En ce qui concerne le fonds d'aide au soutien cinématographique, le CCM a innové et a développé une autre formule d'aide, celle de l'avance sur recettes. Une avance qui permet aux bénéficiaires d'avancer dans leur travail cinématographique. En outre, parmi les avancées qu'a connues le 7ème art marocain au cours de cette année il y a également la création du studio de cinéma à Ouarzazate (Dagham Film) de Mohamed Asli ainsi que le tout dernier studio CLA . Cependant, malgré cette certaine évolution qui est ressentie de la part des professionnels et des observateurs du secteur cinématographique, des données concernant le nombre de salles de cinéma qui ferment chaque année laissent perplexe. Lors d'une rencontre qui a eu lieu il y a de cela presque un mois à Rabat sur le bilan cinématographique de l'année 2004, les intervenants ont avancé le chiffre de 7. Un chiffre qui représente le nombre de salles de cinéma qui ont fermé au cours de l'année 2004. Leur nombre a énormément baissé. Ils étaient 163 en 2003 et à présent, les salles de cinéma dans tout le Maroc se limitent à 153, ce qui est très réduit. La fréquentation des salles n'est pas en reste. Elle connaît elle aussi une sorte de baisse, en comparant les chiffres du nombre d'entrées en 2001 avec ceux de l'année 2004. Les Marocains vont de moins en moins au cinéma. Selon des chiffres diffusés par le centre cinématographique marocain en 2001, la fréquentation des salles de cinéma avait atteint 11.700.000 entrées. Ce chiffre ne cesse de baisser puisqu'il a connu une réduction en 2004 à 6021 905 entrées sur un total de 7312 semaines. En outre, en ce qui concerne le succès dont bénéficient certains films marocains donne lieu à certains questionnements. Dans le box office des productions marocaines le film «Les bandits» du réalisateur et comédien Said Naciri a eu un grand succès . Ce même film a atteint 426 642 entrées alors que ce long-métrage n'a pas été bien perçu de la part des critiques de cinéma. D'après le chercheur et critique de cinéma Moulay Driss Jaidi, ce succès s'explique peut-être par le goût des spectateurs marocains qui semblent être portés de manière très prononcé vers le comique. «Saïd Naciri est en tête d'affiche, il plaît aux téléspectateurs même s'il n'est pas bien accueilli par les critiques, car il les fait rire» et d'ajouter : «le genre comique provoque toujours du plaisir chez les foules». Mais tout cela semble être relatif. En effet, un succès public n'est pas forcément un succès critique et le contraire est valable aussi. Moulay Driss Jaidi ajoute qu'il est très rare qu'un film marocain ait un double succès, à la fois de la part des spectateurs et des critiques. «Ce fut le cas du film «A la recherche du mari de ma femme» de Abderahman Tazi, qui a eu un succès fou, ce fut vraiment un film à part». Mais sinon, la plupart des fois, il se trouve que les films sont à la merci des goûts du spectateur. Cela veut-il dire que le réalisateur doit se plier aux désirs du spectateur, au détriment des siens ? «Le réalisateur doit aller vers le spectateur, comprendre ses motivations et élaborer un discours pour assurer la jonction entre ses attentes à lui et celles du spectateur», conclut Moulay Driss Jaidi.