Le centre des jeunes dirigeants d'entreprises (CDJ) tient aujourd'hui une conférence de presse pour présenter un mémorandum comportant quinze mesures susceptibles de redynamiser l'économie nationale. Outre les revendications habituelles sur la fiscalité et autres charges sociales, ce document se distingue par une vision sociétale de la performance économique. Il y est fait mention notamment d'une augmentation substantielle du SMIG et d'une incitation fiscale au recrutement des personnes handicapées. La relance de l'économie est tributaire de la mise en œuvre rapide de réformes juridique et fiscale et d'une action efficiente du gouvernement. Le Centre des Jeunes Dirigeants d'Entreprise au Maroc (CJD), qui se définit comme étant une pépinière de managers à fort potentiel, a cogité sur les modalités de contribuer au débat public sur la relance économique. Il a préparé un manifeste « pour la croissance et l'emploi » qui reflète la vision de ses membres pour concilier l'entreprise et la politique. Ce document qui comporte 15 recommandations se veut aussi comme une boussole pour contribuer à sortir le pays du marasme économique et la léthargie ambiante. D'emblée, le premier axe innovant de ce manifeste reste, sans contexte, la nécessité de la lutte contre l'économie rentière. En effet, le CJD plaide pour l'instauration d'un impôt sur la succession, notamment pour les successions dépassant dix millions de DH. Cette réforme passe par l'installation d'une progressivité au niveau des taux tout en excluant les actifs professionnels. L'atteinte de l'objectif de 6 % de croissance annuelle, conformément aux recommandations des institutions financières internationales, dépend des facilités pour la création des entreprises. La CJD n'y va pas par quatre chemins pour faire prévaloir cette exigence. Le document propose d'appliquer le délai de 3 ans pour libérer le capital d'une SARL (100 mille DH). Cette revendication est valable aussi bien pour la création que pour les augmentations de capital. Sur un autre registre, la jeune ONG plaide pour la suppression des charges patronales (CNSS) pour les salaires au SMIG. Ce dernier doit également être revu à la hausse pour atteindre le niveau de 2.350 DH. Une telle mesure s'inscrit dans une perspective d'encouragement de la création de l'emploi, la lutte contre l'informel et l'amélioration du pouvoir d'achat. Dans le même ordre d'idées, le manifeste propose la mise en place d'un filet social en cas de perte de l'emploi en vue de réduire le risque de précarité. Ce filet pourra être financé par les entreprises, l'Etat et les salariés. L'objectif est de garantir un revenu minimum au salarié pendant une période d'un an. Sur l'axe de la formation continue, le CJD recommande la mise en place d'un droit à la formation continue pour les salariés. Le dispositif de cette mesure comprend la garantie de trois jours de formation pour les salariés qui seront remboursables par le programme des contrats spéciaux de formation (CSF) de l'OPPPT. D'ailleurs, le centre juge nécessaire de ramener le taux de participation à l'effort de formation à 3 % de la masse salariale. Le développement économique est tributaire aussi de l'élargissement de l'interdiction des monopoles étatiques (l'aérien, la téléphonie fixe …). Le manifeste préconise l'introduction d'un amendement dans ce sens du texte sur la concurrence. Sur le plan fiscal, le développement du taux d'encadrement dans les PME-PMI passe par une réduction de l'IGR pour atteindre 30 % au lieu de 44 %. Quant au taux maximum de cet impôt, il ne doit être appliqué que sur les salaires supérieurs à 10.000 DH. La patente n'est pas en reste. Le CJD conseille sa suppression pure et simple pour développer l'investissement et réduire ainsi le taux de la fiscalité de l'entreprise. Cette réduction de la pression fiscale, qui pèse lourdement sur les entreprises, touche également la T.V.A. Le centre soutient la revendication des professionnels pour l'exonération des services financiers et l'installation de deux taux respectivement de 7 % et 15 %. Pour parer au problème de la sous-capitalisation des entreprises, le manifeste suggère, en outre, l'exonération sur une période de trois ans de l'impôt sur les sociétés (IS) à concurrence d'une recapitalisation. L'autre blocage auquel la jeune association s'attaque concerne les marchés publics. Compte tenu des souffrances de la trésorerie des entreprises à cause des retards de paiement des administrations publiques, le CJD soumet la proposition de convenir dans ces marchés d'un délai de paiement. Tout retard dans le règlement sera pénalisé par l'application des intérêts moratoires calculés sur la base des taux des bons du trésor. L'encouragement de l'emploi est également au cœur des propositions du manifeste de la croissance et l'emploi. La 11ème mesure préconisée par les rédacteurs a trait à l'augmentation des taux d'emploi des jeunes diplômés à travers la mise en place des contrats à durée déterminée de 18 mois renouvelable une seule fois. Parallèlement, la généralisation de la gratuité des formations qualifiantes pour les demandeurs d'emplois est une nouvelle suggestion du CJD visant à lutter contre le chômage. Ces formations pourront être financées par l'Etat pour tout demandeur d'emploi à la recherche d'une requalification. L'originalité de ce manifeste réside aussi dans la consécration parmi ses recommandations d'un volet spécifique pour les handicapés. En effet, l'association propose de fixer un taux de recrutement de cette tranche de la population à hauteur de 5 % de l'effectif des entreprises. Tout organisme qui ne respecte pas cette mesure sera pénalisé à verser 5 % de sa masse salariale à un organisme qui s'occupe de l'insertion des handicapés. A noter qu'avant de présenter son manifeste à l'opinion publique, le CJD a remis une copie le vendredi dernier à la CGEM. Cette initiative a suscité des remous parmi certains membres de l'association qui plaident pour autonomisation de son action par rapport à celle du patronat.