Entretien. L'Assemblée générale de la Fédération de l'énergie, affiliée à la CGEM, a eu lieu mercredi dernier. La priorité d'instaurer un Observatoire de l'énergie au Maroc est réaffirmé par son président, Moulay Abdellah Alaoui. Il nous entretient de la stratégie préconisée pour le développement du secteur. ALM : Suite à la tenue de votre assemblée générale que vous avez tenu mercredi dernier, quel état des lieux dressez-vous de secteur de l'énergie au Maroc ? Moulay Abdellah Alaoui : La vision globale de l'énergie est en train de se définir aujourd'hui. Un véritable débat, où plusieurs intervenants participent, voit le jour. Nous assistons à un transfert de l'expertise des organismes universitaires et du milieu professionnel vers les responsables politiques. Le but est de préparer une politique énergétique nationale cohérente et de favoriser le dialogue entre les fonctionnaires de l'Etat, les experts, les acteurs économiques et les consommateurs. Le tout s'inscrit dans une démarche de démocratie participative où professionnels comme société civile ont leur mot à dire. Quels sont vos objectifs à court terme pour relancer le développement du secteur des énergies ? Nous poursuivons quatre principaux objectifs pour atteindre ce but. Le premier axe est de fournir une énergie compétitive sur le plan économique. Le deuxième a trait à la sécurité d'approvisionnement en énergie et à l'assurance progressive de son indépendance. Nous sommes aussi engagés pour la protection de l'environnement et une production énergétique propre. Le quatrième axe concerne l'assurance de l'accès de la population à l'énergie, notamment l'életricité. Ce sont des points qui font l'unanimité entre acteurs économiques et pouvoirs publics. Notre approche est celle de l'ouverture sur toutes les sources et filières de l'énergie, fossiles comme renouvelables dans un souci d'intérêt général et non d'une seule catégorie sectorielle. La priorité reste la création de l'observatoire de l'énergie. Un projet qui bénéficie d'une aide technique et financière du gouvernement français et sur lequel nous allons nous atteler dès la semaine prochaine. Sa mission sera de définir les rapports devant régir les relations entre tous les intervenants précités et d'alimenter le débat sur des questions comme l'électrification rurale, la concurrence et la compétitivité de l'offre et la maîtrise de la dépendance énergétique. La programmation des équipements et des infrastructures est également à l'ordre du jour de cet observatoire. Avec la construction de nouveaux ports, notre objectif est d'élaborer un maillage de stockage portuaire. Les projets en cours aussi bien à Jorf Lassfer qu'à Tanger et Nador s'inscrivent dans ce cadre. Quels sont les goulots d'étranglement qui handicapent le développement du secteur de l'énergie au Maroc ? C'est toute la réglementation qu'il faut revoir. Celle qui est en cours est largement dépassée par l'évolution actuelle du secteur. A commencer par l'aspect fiscal. Nous proposons la TVA au lieu des Tic. Que ce soit au niveau du raffinage, de l'implantation des stations services que des normes environnementales, il ne faut désormais plus que la décision soit prise aux cabinets ministériels mais faire l'objet de débat auquel tous les acteurs dans ce secteur participent A cet égard, nous avons été agréablement surpris par la démarche moderniste qui a caractérisé l'élaboration du plan de développement du secteur 2003-2007 où nous avons été consultés. Quelques 300 millions de dollars seront investis les cinq années à venir. Le nombre d'emplois qui en seront générés est aux alentour de 2000 postes pour des profils pointus et de nouvelles spécialités. Comment jugez-vous la politique nationale d'approvisionnement ? Il s'agit d'une prérogative régulienne née au lendemain de l'incendie de la raffinerie de Mohammedia et grâce à laquelle nous avons réussi à surmonter la crise. Les sociétés de distribution ont été tenues par délégation d'assurer l'approvisionnement en ces produits, même si elles avaient perdu la main en la matière suite au longues années durant lesquelles cette action était du ressort de l'Etat. Le dynamisme qui a caractérisé cette intervention est aujourd'hui une source de fierté pour nous. Ceci grâce notamment à la commission qui a été créée à cette occasion et dont le travail s'inscrit désormais dans la durée. Des textes de lois sont en préparation afin d'en assurer la pérennité et d'élargir ses compétences. Sur le total de la consommation marocaine en énergie, les énergies renouvelables n'occupent que 0,24%. Nous estimez vous pas que cette niche est sous-exploitée? Nous encourageons toutes les formes de sources énergétiques, abstraction faite sur leur nature. Il est vrai que compte tenu des ressources solaires et éoliennes dont dispose le Maroc, la consommation en énergies renouvelables reste minime. Notre ambition à cet égard est que ce taux passe à 10% à l'horizon 2015. il s'agit d'une nouvelle expérience que nous comptons bien acquérir et exploiter à bon escient. Qu'en est-il du risque de guerre contre l'Irak. Ne pensez-vous que cela risque de pénaliser le secteur? Il est très difficile de faire des prévisions quant à l'impact qu'une guerre dont personne ne veut contre l'Irak aura sur le secteur. Ce qui est sûr, c'est que le prix du baril sera revu à la hausse, ce qui ne sera pas sans fâcheuses conséquences. Les experts parlent cependant d'une hausse qui ne dépassera guère 25 dollars par baril si la guerre est limitée dans le temps. Nous jugeons ce prix acceptable, en attendant un retour à la normalité.