La poterie traditionnelle dans les régions d'Essaouira, qui est une branche de l'artisanat séculaire, issue du terroir, a pu résister aux modes. Les habitants du douar Idou Maha, situé à 4 kilomètres au Nord-Est de la municipalité de Tamanar, 90 km au Sud d'Essaouira, sont des fellahs-potiers traditionnels qui exercent ce métier de père en fils. Leurs articles de bonne qualité, comprenant essentiellement des récipients de cuisine fabriqués en terre cuite, sont connus dans la province d'Essaouira. Des acheteurs grossistes, pour la plupart des soukiers, viennent de loin et même d'Agadir, pour s'approvisionner auprès du mâalem Abou Rakha, une famille berbère de Haha. Les Abou Rakha sont les dépositaires de cet artisanat rural séculaire qui a su résister à la concurrence dévastatrice des produits ménagers en plastique et en aluminium bon marché, qui ont envahi les souks marocains depuis le début du siècle dernier. Les qasria, les braseros, les tagines pour cuire le pain, parfois les tuiles, et tant d'autres articles naturels utilisés par les ménagères d'Essaouira, proviennent essentiellement d'Idou Maha et des autres douars avoisinant tels que Bouzni, Azrouk et Tazoumt, qui s'adonnent depuis des siècles à cette activité, parallèlement à une agriculture vivrière rudimentaire. Mohamed Abou Rakha, président de l'Association "Agloun" des potiers a indiqué que les potiers du village participent quand ils sont conviés à des expositions. L'Association compte quelque 25 membres qui assurent la formation d'une dizaine d'apprentis. L'Etat s'engage, entre autres, à accorder une indemnité mensuelle de 250 dirhams à chaque mâalem qui se porte volontaire pour former un apprenti durant deux ou trois ans que nécessite la formation. L'apprenti reçoit une formation pratique (80 % chez le mâalem) et une formation théorique (20 %) dans un centre de formation professionnelle. Ce qui est important dans ce système, a ajouté le responsable, est le fait que l'Etat s'engage à délivrer à l'élève-apprenti, studieux, un diplôme reconnu qui lui permet d'exercer en toute liberté ce métier dans un cadre légal et organisé. • Mohammed Baroudi (MAP)