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Le paysage politique actuel a besoin de visibilité
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 07 - 03 - 2003

Après cent jour de gouvernement Jettou, la majorité en place risque de se craqueler, ce qui pourrait entamer sa crédibilité et hypothéquer les réformes en cours.
Le 9 octobre 2002, avec la nomination du Premier ministre, Driss Jettou, l'élite partisane marocaine s'est retrouvée face à une nouvelle équation politique, qui exige d'elle de revoir l'ensemble de sa stratégie d'action.
Sur le plan médiatique, force est de constater que la première formation partisane à avoir posé la question est l'USFP, lorsqu'elle avait évoqué, le lendemain de cet événement, le problème de la méthodologie démocratique. Faute de suivi de la part de ses partenaires, le Parti de l'ex-Premier ministre, Abderrahman Youssoufi, a fini par rejoindre le courant.
Depuis lors, normalement tout devrait rentrer dans l'ordre. Mais quelques jours après, Ahmed Zaki, membre du Bureau politique du PPS, va reprendre la même thématique et la développer en sonnant le tocsin sur une éventuelle régression de l'action politique partisane au Maroc.
Une thèse qui a été soutenue, ensuite, par le même auteur, dans Al Bayane du 5 mars, dans les termes suivants : « Sans aucun doute, la formule gouvernementale issue des élections du 27 septembre constitue une régression par rapport aux espérances du peuple marocain qui aspire à l'approfondissement de notre expérience démocratique dans le sens du renforcement de l'Exécutif et d'un partage judicieux du pouvoir entre les divers acteurs».
Dans le même ordre de cette logique, s'est exprimé Saïd Saâdi, également membre du Bureau politique du PPS et ancien ministre dans le gouvernement d'alternance, le 2 mars dernier, lors d'une journée d'études à l'université, un événement qui coïncidait avec le 100ème jour du gouvernement de M. jettou.
Au cours de cette manifestation, M. Saâdi a fait part des difficultés que rencontrent la transition démocratique et l'édification d'une société moderne, en soulignant dans des termes maximalistes que le pays est désormais devant un choix : soit la poursuite de l'option des réformes, soit la reproduction de la misère et de l'ignorance.
Par ailleurs, le même jour, à Salé, soit le 2 mars, le secrétaire national du Front des forces démocratiques (FFD), T'hami El Khyari, ancien ministre, a repris à son compte ces mêmes arguments en mettant l'accent sur les différents aspects de la crise politique qui sévit au Maroc et qui diffère, selon ses propos, des crises des années soixante-dix, quatre -vingts et quatre-vingt-dix.
M. Khyari a attribué les aspects de cette situation à l'avortement de la transition d'une alternance consensuelle à une transition démocratique et aux falsifications, dit-il, des élections du 27 septembre ainsi qu'au mode de scrutin adopté au cours de ces échéances et qui a participé à la déconnexion des élus par rapport aux citoyens.
Et de conclure ce chapitre sur la crise des partis et de l'élite politique due au recul des convictions chez les acteurs partisans. Un fait qui s'ajoute à la réduction du nombre des ministères attribués aux partis politiques, dans le gouvernement actuel ; lequel gouvernement n'est ni technocratique, comme ce fut le cas dans le passé, ni politique, dans le sens réel du terme.
Cela dit, les aspects essentiels de ce débat, ont été annoncés dans une allocution de Abderrahman Youssoufi, devant le Forum de dialogue culturel et politique de Bruxelles, le mardi 25 février dernier.
Surtout, lorsque le Premier secrétaire de l'USFP, a annoncé, après livraison de sa version des faits et un constat d'échec relatif à une expérience qui «s'est achevée sans qu'elle ait débouché sur ce que nous attendions d'elle, à savoir l'orientation vers la démocratie», que «nous nous trouvons encore une fois devant un impératif national qui nous engage à patienter pendant deux ans, dans l'espoir de voir la possibilité de réalisation du rêve de la transition sereine et tranquille à la Démocratie».
Une position qui en dit long, mais qui n'a pas manqué de susciter, en même temps, des réactions de la part des formations de la majorité, notamment le PPS et surtout le Parti de l'Istiqlal. Le PPS en considérant que l'alternance démocratique « aurait été possible si l'USFP s'était contentée de se considérer comme un parti parmi les autres et non le Parti avec un grand P », et l'Istiqlal, notamment à travers M'hammed El Kahalifa, membre du Bureau politique du Parti, qui a attribué cette situation, à la marginalisation, par le parti de M. Youssoufi, de ses partenaire de la Koutla.


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