Une commission présidée par Abderrazak Mossadeq se chargera dorénavant du problème de la gestion de la pêche hauturière. C'est la conséquence directe de la rencontre entre la primature et les professionnels. Des décisions importantes ont été prises, en milieu de la semaine dernière, lors de la rencontre tenue entre le premier ministre, Driss Jettou, et les professionnels du secteur de la pêche hauturière. Ces derniers qui demandaient depuis longtemps à débattre des principaux problèmes du secteur directement avec la Primature sont sortis de cette réunion globalement satisfaits, à l'exception des tenants du contrat-programme, invités sans tarder à rejoindre la dynamique et à s'inscrire dans la démarche constructive. Mais c'est le ministre de la pêche, Taïeb Rhafès, qui a fait les frais de cet arbitrage de la Primature. Est-il toujours ministre de la pêche, s'interrogent quelques armateurs depuis la baie d'Agadir ? Difficile de répondre. Sans être écarté, il est dessaisi de la gestion des problèmes du secteur. Toujours ministre de la pêche, la gestion des ressources ne sera plus de son ressort. Car, pour parer au plus pressé, le Premier ministre a mis en place une commission chargée de trouver les solutions aux problèmes en suspens. Fait important, la coordination de cette cellule est confiée à Abderrazak Mossadeq, ministre chargé des Affaires économiques et de la mise à niveau. L'administration et les professionnels doivent dorénavant se conformer au calendrier fixé. Autre fait important, le brûlant dossier des arrêts biologiques. Il n'en sera plus question, du moins de manière mécanique. L'exposé détaillé de l'INRH sur la situation préoccupante de la ressource poulpière a abouti à une suggestion : l'instauration d'un moratoire en lieu et place des simples décisions d'arrêts de pêche. Le premier ministre qui a reçu le message cinq sur cinq a décidé pour le moment de donner la priorité à la recherche de solution dans les plus brefs délais, pour assurer la visibilité aux opérateurs du secteur. Ces décisions ne pourront que réjouir, l'Association des Armateurs de la Pêche Hauturière s'en était toujours tenue à sa position de principe, à savoir que les «les arrêts biologiques érigés depuis quelques années en système de gestion n'ont pas eu l'impact escompté et se sont malheureusement traduits par une perturbation profonde du cycle de reproduction des espèces, par une désorganisation des circuits de reproduction et de commercialisation et par la mise au chômage de milliers de marins ». Ces dernières années, avec la multiplication des repos biologiques, les activités ne tournent en moyenne que 5 mois par an. Sans mesures d'accompagnement, le calcul est simple : d'un côté, les recettes tarissent, de l'autre, les dépenses annuelles d'exploitation augmentent car, si les bateaux restent à quai, les salaires du personnel, eux, continuent à courir. Autre problème abordé mais vite occulté lors de cette rencontre : le contrat-programme. Le sujet introduit par certains professionnels a été écarté par le premier ministre lui-même qui les a invités à oublier cette démarche à laquelle il n'adhère guère et à adopter en échange une réflexion sur une stratégie globale pour le secteur. Commentaire de Omar Akouri, président des armateurs de pêche hauturière : «Pour ma part, je ne peux qu'apprécier une telle approche car j'ai toujours été contre ce fameux contrat-programme qui ne devait servir que les intérêts d'une frange de la profession qui voulait garder la mainmise sur les ressources du pays et, plus grave encore, ce projet de contrat-programme qui, en cours de route, s'est démultiplié en trois projets distincts (FIM, FENIP et Administration des Pêches) devenant un facteur de blocage à toute action de développement dans le secteur des pêches et engendrant des pertes énormes pour le pays ». Bref, le premier ministre a insisté sur la promulgation des plans d'aménagement des nouvelles pêcheries, notamment ceux des ressources pélagiques, les merlus et les espèces des grands fonds, permettant ainsi au secteur des pêches de jouer le rôle de levier économique pour le bien de notre pays et en particulier, les provinces du Sud. D'ailleurs à ce sens, M. Jettou a demandé au ministre de tutelle d'effectuer dans les meilleurs délais un déplacement sur place afin d'évaluer la situation de crise que connaissent les opérateurs dans le segment de la congélation à terre à Laâyoune et Dakhla. Sur place, les professionnels attendent le ministre avec impatience, comme nous l'a confié, Hassan Talbi de l'Association de la pêche artisanale à Dakhla, qui souhaite, lui-aussi, des repos biologiques plus rationnels.