Mohamed Abied pense que les leçons des législatives du 27 septembre ont été bien assimilées par son parti. Il prépare les prochaines échéances dans la sérénité. Le ton est donné. Le processus électoral ne doit pas être l'objet de chantage politique ou de manœuvres politiciennes de nature à entraver le bon déroulement des opérations et de fausser l'ensemble de l'opération en cours. La religion de Mohamed Abied, secrétaire général de l'Union constitutionnelle est ainsi faite. Le parti suit son chemin, rectifie ses erreurs et va de l'avant. Les prochaines échéances seront une nouvelle occasion pour mesurer le chemin parcouru et évaluer le reste à faire. Le travail en interne du parti est serein et ses réunions permettront de dégager des méthodes pratiques à même de régler ce qu'il y a à régler. Les leçons des législatives sont à prendre au sérieux et la direction du parti en est consciente. Pour ce qui est des prochaines échéances électorales communales, M. Abied considère qu'il y a toujours un flou qui entoure les préparations. Les textes ne sont pas encore tous votés. « Pire, le gouvernement sortant avait soumis au Parlement une nouvelle charte communale qui a été adoptée, après amendement. Le gouvernement actuel s'est permis de proposer des amendements qu'il a fait voter au Parlement. On se demande alors pourquoi on commence à réviser la charte votée avant les législatives alors qu'elle n'a pas été encore appliquée. La version du gouvernement Youssoufi fixait à 750 000 le nombre d'habitants d'une ville qui peut avoir un conseil de la ville. Après, les amendements faits par le nouveau gouvernement, ce nombre est passé à 500 000. Il y a bien des questions à se poser à ce sujet. » Au fait, des réglages sont devenus impératifs après les législatives, mais cela n'implique pas forcément la révision d'une loi qui n'a pas été appliquée. C'est d'autant plus incompréhensible que la moitié des textes devant régir l'ensemble des futures opérations électorales ne sont pas encore soumis au Parlement. M. Abied évoque dans ce cas de figure les lois relatives aux élections professionnelles comme étant l'un des textes majeurs non encore soumis au Parlement. Mais le gros du débat porte sur les villes de plus de cinq cent mille habitants. Elles auront selon la nouvelle loi des arrondissements et un conseil de la ville. Il y aura deux élections normalement locales en même temps. Celle des conseils d'arrondissements et celle du conseil de la ville et son maire. « Là il y a un problème. Les élections locales sont à vocation de proximité. Comment un élu du conseil de la ville peut-il être comptable devant les habitants s'il n'a aucun lien avec eux, s'il ne connaît pas leurs vrais problèmes et leurs idées sur les chantiers à mener ? » déclare M. Abied. Cela nous pousse à lui poser la question sur sa réaction quand on sait que certains noms circulent actuellement comme futurs candidats pour la mairie de Casablanca alors qu'ils ne sont pas des habitants de la métropole. A cela M. Abied n'y va pas par quatre chemins : « Si on veut avoir un bon gestionnaire maire de la ville sans qu'il soit habitant de la ville, on peut aisément le désigner et amender la charte communale de la sorte. Les noms qui circulent actuellement feront de bons maires s'ils sont désignés. Mais les élire, c'est une autre paire de manche et dans ce cas, les risques d'élections entachées d'irrégularités sont grands. » Maintenant que les communales se préparent, comment l'UC compte-t-il s'y prendre ? A cette question, M. Abied répond que les alliances sont nécessaires et se feront selon les affinités et les programmes communs. « La loi actuelle aurait été excellente si on était trois ou quatre formations politiques au Maroc. Ou trois ou quatre pôles bien constitués. Ce n'est pas le cas et l'émiettement du champ politique ne profitera à personne ni au pays ». Pour le parti fondé il y a presque vingt ans, la politique doit être un moyen de servir le pays et la population. Pour cela, elle doit être une politique de proximité. Sinon, le pire est à craindre.