Lundi, au deuxième jour de sa visite d'Etat, le président français a appelé les responsables algériens à œuvrer pour « un partenariat d'exception ». Une « refondation » bilatérale associée à la normalisation des rapports entre Alger et Rabat. Lundi, devant les députés et sénateurs réunis pour l'occasion, Jacques Chirac a exposé sa vision du «partenariat d'exception» que la France et l'Algérie entendent instaurer. «Ce passé, complexe, encore douloureux nous ne devons ni l'oublier ni le renier. Marcel Proust écrivait : certains souvenirs sont comme des amis communs, ils savent faire des réconciliations. Laissons nos souvenirs parachever la nôtre», a déclaré le président français. «Un champ neuf et immense s'ouvre devant nous. Nous nous y sommes engagés résolument» a-t-il ajouté au lendemain d'une journée déjà qualifiée d'«historique» par les médias des deux côtés de la Méditerranée. La visite d'Etat que Jacques Chirac a entamée dimanche à Alger est en elle-même la première du genre depuis l'indépendance du pays en 1962. Elle a été saluée par la présence en masse de plusieurs milliers d'Algériens, malgré quelques tensions, notamment la contestation réprimée des Kabyles et la présence de slogans sur la question des disparus (plus de 7.000 selon Amnesty International) et celle des visas. Durant son bain de foule, le chef d'Etat français est retourné dans le quartier Bab El Oued, devant la stèle érigée à la mémoire des 700 victimes des inondations de novembre 2001. Il a ensuite eu un entretien en tête-à-tête avec Abdelaziz Bouteflika, durant lequel il a symboliquement remis le sceau du Dey d'Alger, Hussein Pacha, que celui-ci avait donné à la France en 1830, marquant le début de la colonisation. Dimanche soir, les deux dirigeants ont enfin signé la «Déclaration d'Alger», un traité d'amitié dans lequel les deux pays se sont engagés à améliorer leur coopération dans les domaines politique, économique, culturel et scientifique. «Sans oublier le passé», la France et l'Algérie ont jeté «les bases d'une relation globale forte, confiante et résolument tournée vers l'avenir» même si, dans le texte, le sort des harkis n'a pas été mentionné. «Le processus de refondation de la relation d'ensemble entre la France et l'Algérie se pose, dans ce contexte, comme objectif et finalité l'instauration de rapports privilégiés et d'un partenariat d'exception ayant vocation à se poser comme modèle de coopération dans la région et dans les relations internationales» indique la déclaration. Parmi les objectifs mentionnés, figure, «si besoin est en concertation avec les autres pays de la région, la construction de l'Union du Maghreb arabe» et la volonté de «soutenir à cet effet les efforts d'intégration dans les pays du Maghreb, tout en encourageant un plus grand rapprochement et une coopération renforcée entre l'Union du Maghreb arabe et l'Union européenne». Le tout dans le but de «mettre en valeur la solidarité entre les deux rives de la Méditerranée à travers les enceintes de coopération régionale appropriées, en particulier le processus de Barcelone, le Forum méditerranéen et le cadre de dialogue et de concertation 5+5». La France, premier partenaire économique de l'Algérie, n'a d'ailleurs jamais caché qu'elle souhaitait renforcer son influence dans ce pays et dans toute la région maghrébine. Une évolution qui dépend surtout de l'amélioration de la situation intérieure algérienne, et de la normalisation des relations entre Alger et Rabat. Ce que Jacques Chirac n'a pas manqué de rappeler lundi en appelant à un «renforcement du dialogue entre l'Algérie et le Maroc». Et le président d'expliquer qu'une «prospérité partagée» ne peut pas se faire sans une « intégration du Maghreb», laquelle «suppose le renforcement du dialogue entre l'Algérie et le Maroc, dialogue fondamental pour l'intégration maghrébine et dont je salue les développements récents». Concernant le Sahara ? La presse des côtés de la Méditerranée a récemment laissé entendre qu'une «médiation» française était d'ailleurs en cours pour résoudre le conflit maroco-algérien.