Lors de sa visite de deux jours lundi et mardi à Alger, le chef de la diplomatie française a réaffirmé le soutien de la France aux réformes engagées par le pays. «Je veux exprimer une conviction qui est la disponibilité de la France et sa volonté d'être aux côtés de l'Algérie dans le mouvement des réformes qu'elle engage», a déclaré lundi soir Dominique de Villepin, à son arrivée dans la capitale algérienne. Le ministre français des Affaires étrangères a aussi répété que la visite effectuée par Abdelaziz Bouteflika en France en 2000 avait marqué « véritablement une « étape, un tournant » dans les relations entre les deux pays. Des rapports qui, a-t-il estimé, seront consolidés par l'organisation en 2003 de l'année de l'Algérie en France, et la visite d'Etat qu'effectuera en mars prochain le président Jacques Chirac dans le pays. Selon M. de Villepin, il faudra cependant «faire mieux» encore «car nous avons de grandes ambitions pour la France et pour l'Algérie» a-t-il conclu. A l'issue de son entretien avec le diplomate français, qui a aussi rencontré le président Bouteflika mardi, le chef du gouvernement algérien a pour sa part salué «les progrès sensibles enregistrés sur la voie de la refondation des relations algéro-françaises». Ali Benflis s'est aussi «félicité du retour progressif des opérateurs économiques français sur le marché algérien» même si ce dernier, selon lui, n'est pas «totalement à la mesure des grandes potentialités qu'offre la coopération entre les deux pays». C'est d'ailleurs sur cet aspect précis que la presse algérienne s'est surtout penchée à l'occasion de cette visite. «Les déclarations de bonnes intentions» s'accélèrent, notait par exemple Le Matin de mardi, «même si celles-ci ne connaissent souvent pas de suite sur le terrain». Le quotidien a rappelé la visite il y a trois ans, du chef de la diplomatie française d'alors, Hubert Védrine. Cette dernière n'avait, selon lui, pas «donné un coup de starter aux relations bilatérales qui souffrent d'un manque de perspectives, les investisseurs de l'Hexagone restant frileux». Vendredi dernier à Paris, le ministre algérien de la Participation et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, avait lui-même ppelé les entreprises françaises à s'impliquer davantage en Algérie. Le marché toujours boudé par les entrepreneurs français commence par contre à intéresser les Américains, impression confirmée lors de la récente visite du secrétaire d'Etat adjoint pour l'Afrique du Nord et le Proche-Orient, Williams Burns. L'Algérie, comme le reste du Maghreb, était pourtant «jusque-là chasse gardée de la France – (sa) zone d'influence». Le Matin a rappelé mardi que d'abord axé sur les hydrocarbures, le partenariat entre Alger et Washington touchait désormais plus largement la lutte contre le terrorisme -avec la prochaine vente d'armes américaines au pays- et le renseignement sécuritaire. Le secteur pharmaceutique, avec l'arrivée des produits Pfizer sur le marché algérien, est aussi un des créneaux que se sont octroyés les Américains. Désireuse de préserver ses acquis en Algérie tout en conditionnant le retour de ses investissements à la réalisation de réformes politiques et économiques, la France se retrouve aujourd'hui face à un difficile exercice d'équilibriste. Elle a cependant déjà accepté de signer un accord de conversion de 61 millions d'Euros de dettes algériennes en investissements privés. Histoire de prouver «ses bonnes intentions».