Lundi, après sa récente tournée au Maghreb, le chef de la diplomatie française est revenu en Algérie pour préparer la future visite du président Chirac. Ce dernier se rendra aussi au Maroc après avoir reçu S.M. le Roi Mohamed VI... Officiellement, Dominique de Villepin devait lors de son séjour lundi et mardi à Alger, «impulser les relations algéro-françaises». Lors d'un entretien accordé samedi à l'agence APS, le chef de la diplomatie française a en effet expliqué samedi qu'il venait pour inscrire la relation entre les deux pays «dans une nouvelle ère». Cette dynamique récente avait été amorcée par la visite d'Etat à Paris du président Bouteflika en juin 2000, et concrétisée par l'organisation de l'année de l'Algérie en France en 2003 (après celle du Maroc en 1999). Elle sera aussi renforcée par celle du chef du gouvernement algérien, Ali Benflis, le 17 janvier prochain dans la capitale française, et enfin par celle que doit effectuer le président français en Algérie en mars 2003. S'il est évident que sa venue devait préparer celle de Jacques Chirac, Dominique de Villepin avait aussi prévu de s'entretenir avec les plus hautes autorités algériennes sur les questions intérieures, notamment sécuritaires, mais aussi internationales et régionales, surtout la Méditerranée et le Maghreb. Car le ministre des affaires étrangères l'a répété samedi dernier : «la construction d'une aire de stabilité et de développement en Méditerranée est pour la France une priorité stratégique». Construction qui ne pourra donc se faire sans un retour de la paix civile en Algérie, préalable à tout investissement, ni sans une normalisation des rapports entre Alger et Rabat. La capitale marocaine, si elle n'est cette semaine pas prévue dans le calendrier de Dominique de Villepin, a cependant été visitée par le chef de la diplomatie française les 30 et 31 octobre dernier. Le ministre des Affaires étrangères était aussi venu donner un «nouvel élan» aux relations déjà «exceptionnellement denses et confiantes» entre les deux pays. Il avait notamment évoqué avec les responsables du pays la venue de Jacques Chirac en 2003, et avant cela la rencontre prévue entre les premiers ministres Driss Jettou et Jean-Pierre Raffarin en début d'année. Là encore «les questions internationales et régionales» avaient été à l'ordre du jour, notamment la question du Sahara. Le Quai d'Orsay avait alors affirmé qu'il fallait «régler cette question afin d'assurer la stabilité de la région et de favoriser l'intégration maghrébine». Il avait aussi réitéré le soutien de la France «aux efforts déployés par James Baker, l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations-Unies, afin de rapprocher les vues des parties» algériennes et marocaines. Cette réconciliation souhaitée par l'Elysée sera-t-elle abordée lors de la visite de S.M. le Roi Mohammed VI vendredi en France? Le Souverain doit inaugurer le 20 décembre, en compagnie du président Chirac - récemment venu en visite privée dans le royaume -, une place portant le nom de feu Sa Majesté Mohammed V, située dans le Vème arrondissement de la capitale. Les va-et-vient passés, présents et à venir des responsables français et parallèlement de leurs pairs marocains et algériens,marquent manifestement la volonté de la France -qui a manqué le coche au profit des Etats-Unis lors du conflit maroco-espagnol sur l'îlot Leila l'été dernier-, de reprendre pied dans une région avec laquelle elle est liée depuis des décennies.