La grève générale organisée par l'UGTA, ces mardi et mercredi entend protester contre la «privatisation coûte que coûte» prônée par l'Exécutif algérien. En dépit de quelques réticences, le syndicat semble avoir convaincu. Il l'a répété dimanche; le secrétaire général de l'Union Générale des Travailleurs Algériens, Abdelmadjid Sidi Said, est prêt à «paralyser tout le pays». Ce jour-là, l'UGTA a peaufiné les préparatifs d'une action qu'elle présente comme une «démonstration de force» et pour laquelle elle fait campagne depuis près d'une semaine. Tous les secteurs ont été revus, des puissantes fédérations de l'agroalimentaire aux transports, au commerce, en passant par l'enseignement, la fonction publique et l'industrie pétrolière. Cette dernière, première visée par la vague de privatisations en cours, est d'ailleurs à l'origine du mouvement protestataire. «Cette grève est celle de la dignité des travailleurs qui sont aujourd'hui menacés dans leur survie même par la politique de privatisation du gouvernement», a encore expliqué dimanche M. Sidi Said. Principal point de discorde : le projet de loi du ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khalil, qui propose de privatiser la société pétrolière Sonatrach. Dans son communiqué publié dimanche, l'UGTA déclarait que «les travailleurs ne veulent pas être les proscrits de la République pour laquelle ils n'ont pas marchandé leurs sacrifices. Ils entendent être les bâtisseurs d'une économie authentiquement nationale au service de l'emploi et de la prospérité». Autrement dit : pas de réforme sans «associer le partenaire social». Contestée par quelques syndicats et partis politiques -qui reprochent à l'UGTA d'être animée par «des desseins politiciens»- cette grève est, selon les médias, très prometteuse. Le Matin de lundi prédisait par exemple qu'il n'y aurait «pas de carburant, pas de lait, pas de transport». Les «pétroliers (…) n'approvisionneront pas en carburant et autres dérivés, ces mardi et mercredi, les stations-service. Ces dernières, celles dépendant de NAFTEC et de NAFTAL, n'assureront aucune prestation de services». Toujours d'après Le Matin, la plupart des vols aériens devaient être annulés, les contrôleurs aériens et les services météo étant en grève. «Un service minimum sera assuré par les douaniers des ports, aéroports et postes-frontières». La plupart des ports algériens avaient d'ailleurs déjà été paralysés pendant deux jours, la semaine dernière. Enfin, le Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (SNAPAP) a également accepté de rejoindre le rang des grévistes. Cette action devait cependant se dérouler en l'absence d'un interlocuteur politique de taille, le président algérien lui-même, en Malaisie pour le Sommet des Non-alignés. Selon le Jeune Indépendant de lundi, Abdelaziz Bouteflika a cependant devancé dès mercredi dernier l'action syndicale en rappelant à l'ordre, lors d'un Conseil des ministres « imprévu», les ministres qui pourraient «tirer profit» de la grève, ceux qui, «de manière outrancière, font primer leurs propres dividendes sur ceux de la cité». Et le quotidien de commenter que le président, «à qui l'on prête l'intention de se présenter pour un second mandat, semble décidé à lever tous les obstacles qui entraveraient sa stratégie de se maintenir aux commandes du pays. D'autant plus que la plupart des projets qu'il avait promis de mener à bien, au lendemain de son investiture (…), n'ont toujours pas connu leur concrétisation». Le leader de l'UGTA, lui, s'est déjà engagé à se retirer de la scène si jamais le mouvement n'est pas suivi à 80%».