Entretien avec Ahmed Ben Boujida, président de la commission permanente des services publics, des prestations et du patrimoine au conseil de la ville Qui dit Ramadan, dit systématiquement perturbation du trafic routier. Les prémices du grand chamboulement se sont annoncées la veille du mois sacré et pourtant aucun dispositif n'a été pris pour fluidifier la circulation automobile. C'est du moins ce que l'on peut constater au niveau de Casablanca dont les grandes artères n'arrivent toujours pas à absorber l'immense flotte automobile qui ne fait que s'accroître. Les bouchons de la métropole sont devenus intolérables aussi bien pour les automobilistes que pour les passagers. Pour des trajets de 15, voire 20 minutes en temps normal, certains ont pris plus d'une heure pour le faire aux premières heures du matin du Ramadan. Nous vous laissons imaginer les embouteillages en fin de journée et tout ce qui en découle. L'irritation des Casablancais est au pic. Il n'est non seulement pas question de manque d'infrastructure mais de mauvaise gestion de la chose publique. Les travaux engagés au niveau des axes les plus prisés de la ville (Maarif, Ghandi, boulevard des Almohades, etc, ne font qu'aggraver la situation masquant ainsi le rôle que peuvent jouer les dernières trémies ouvertes depuis quelques mois au niveau de la ville, notamment celle de Sidi Abderrahmane, de Ain Sebaâ et du carrefour Azbane et facultés. Sidi Maarouf reste toujours le point noir de la ville ou plutôt la grande déception des Casablancais. Des espoirs ont été placés dans le pont à haubans dont la mise en service a été prévue mi-avril 2019. Ce grand ouvrage de 224 mètres et d'un investissement global de 600 MDH aura un impact significatif sur la décongestion du trafic routier de la métropole. Cependant, le retard quant à son ouverture commence à se faire sentir laissant libre cours aux interprétations. Contacté par ALM, Ahmed Ben Boujida apporte des précisions. ALM : Plusieurs scénarios ont été tracés quant au retard dans la mise en service du pont à haubans. Certains évoquent même une défaillance technique de cet ouvrage. Qu'en est-il de la véracité de ces interprétations ? Ahmed Ben Boujida : Il n'y a aucun problème technique lié à l'ouvrage. Le pont a été réceptionné récemment en toute conformité aux normes et au cahier des charges fixé au préalable. Il est prêt et sera opérationnel incessamment. Un chose est sûre : nous allons procéder à son ouverture les jours qui viennent. La mise en service du pont à haubans permettra-t-elle de solutionner le problème du trafic routier à Casablanca ? Nous accordons une grande attention à ce sujet-là. Pour remédier à la situation, nous sommes en train de creuser, également, le souterrain de la route d'Al Jadida et Ghandi qui sera livré dans une année. Une fois prêt, il contribuera à la fluidification de la circulation depuis Maârif et Hay Hassani. Il est à noter que le pont de Sidi Maarouf et les autres projets y afférents s'inscrivent dans le cadre du Plan de développement du Grand Casablanca. Justement où en sont les autres projets de ce plan de développement ? Ce que je peux vous assurer c'est que plusieurs chantiers seront finalisés et ouverts durant Ramadan, notamment l'esplanade d'Errachidi et son parking, la promenade de Ain Diab voire le Grand théâtre de Casablanca qui, en principe, devra ouvrir les semaines à venir. Casablanca est désormais un grand chantier à ciel ouvert. Certes, cela reflète une dynamique urbaine et économique, mais en contrepartie cela commence à déplaire aux habitants de la ville. Quelle lecture en faites-vous ? D'un point de vue personnel, ces chantiers entravent relativement le paysage général de Casablanca. On aurait aimé à ce que tous les projets soient réalisés en même temps, ainsi on aura réglé tous les problèmes en un laps de temps précis. Malheureusement, la cadence a été saccadée. Il a fallu terminer un projet pour enchaîner avec un autre. Ce qui laisse paraître qu'on est en perpétuels travaux. Compte tenu des chantiers engagés, comment voyez-vous l'avenir de Casablanca ? J'espère que d'autres chantiers suivront et qu'il y aura davantage de création d'infrastructures qui permettront à Casablanca de concurrencer d'autres villes et mégapoles telles que Chicago et Barcelone, d'autant plus que le Maroc a ouvert beaucoup de chantiers. Casablanca est sans conteste la locomotive économique du Maroc. Des projets dans le pipe ? Il faut poser la question au parti en tête du conseil de la ville. Les chantiers en cours datent du mandat de Mohamed Sajid, précisément de la période 2003-2009. Ce que je reproche et je me reproche aussi c'est le fait de ne pas avoir pu élaborer des projets pour l'avenir. Nous sommes en train de terminer ce qui a été précédemment engagé. Espérons que les 4ème, 5ème et 6ème lignes du tramway soient terminées à temps pour solutionner partiellement le problème de Casablanca qui souffre d'un important étouffement de la mobilité.