Maroc-Algérie. Les relations entre Rabat et Alger sont en train de connaître un dégel assez consistant. L'apaisement du climat entre les deux pays est appelé à se confirmer. Officiellement, un communiqué de presse, publié vendredi à l'occasion de la visite du ministre d'Etat algérien et ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, les 6 et 7 février au Maroc, a indiqué que ces deux pays ont convenu d'intensifier et de poursuivre les contacts dans les différents domaines et de procéder à une évaluation globale des dossiers de la coopération bilatérale. Le communiqué a souligné, en outre, la nécessité de ne ménager aucun effort en vue de prospecter les voies à même de développer ces relations sous la conduite des deux chefs d'Etat SM le Roi Mohammed VI et le président Abdelaziz Bouteflika. Selon des sources fiables, l'on doit s'attendre à une ouverture politique notable entre les deux pays et à l'annulation des visas pour leurs ressortissants. A cela, il faudra ajouter la prochaine ouverture de la ligne ferroviaire Alger-Oujda, dont le principe aurait été retenu lors de la visité de Belkhadem à Rabat. Dans le même ordre d'idées, l'on évoque une nouvelle visite en Algérie, du Premier ministre Driss Jettou et du ministre de l'Intérieur, Al Mostapha Sahel. Une initiative qui a pour objectif de baliser le terrain à un sommet entre S.M. le Roi et le Président algérien. Mais, force est de constater que du côté algérien, l'on privilégie encore la voie du rétablissement des relations « diplomatiques », et le règlement des problèmes bilatéraux d'ordre secondaire, avant le traitement en profondeur et de manière tranchante du dossier du Sahara marocain. Le rapprochement entre les deux pays s'inscrit dans une optique de rapports stratégiques bilatéraux, non seulement au niveau du Maghreb arabe, mais également par rapport à la géopolitique arabe, régionale et internationale actuelle. Survenue, après une visite du président Abdelaziz Bouteflika à Paris, et dans le contexte des préparatifs du sommet de la francophonie qui se tiendra en France, les 20 et 21 février courant, la rencontre des ministres des Affaires étrangères du Maroc et de l'Algérie, a été marquée par les nouvelles donnes conjoncturelles. D'abord, il y a lieu de rappeler les positions franco-américaines relatives au soutien au Plan Backer concernant la question du Sahara marocain, et le penchant de ces deux puissances en faveur de l'accord-cadre accordant de larges prérogatives aux habitants du Sahara marocain, dans le cadre de la souveraineté nationale du Royaume. Certes, lors du dernier périple de l'émissaire onusien dans la région du Maghreb, l'Algérie et les séparatistes du Polisario ont exprimé des positions hostiles au nouveau projet de rapport sur le Sahara, estimant qu'il n'apporte rien de nouveau aux données de l'équation. Mais, au vu de la situation de crise qui prévaut en Algérie et de la recrudescence constante du terrorisme, il est devenu plus qu'urgent pour les dirigeants de ce pays de trouver des issues aux innombrables problèmes qui secouent leur pays et surtout à l'isolement de ce dernier sur le plan international. Le rapprochement avec les USA et la France s'inscrit dans cette perspective, de même que l'apaisement que connaît le climat entre le Royaume du Maroc et ses voisins algériens. Bien entendu, le nouveau projet de M. Backer comporte certains points qui suscitent le débat. Officiellement, la position du Maroc prône une attitude constructive. Mais toujours est-il qu'une éventuelle participation de contrôleurs algériens à un quelconque processus référendaire au Sahara marocain pourrait susciter des réactions de réserves au Maroc.