Amender une loi de Finances, même s'il s'agit d'une démarche rare, ne doit pas forcément être considéré comme étant un aveu d'échec et encore moins d'incompétence. C'est, au contraire, un acte de courage à travers lequel l'on reconnaît soit qu'on s'est trompé, soit qu'on n'avait pas anticipé suffisamment un changement ou une conséquence. Cela peut arriver, quand bien même le projet de loi de Finances est censé être le texte le plus fouillé. En politique, comme dans d'autres domaines, reconnaître l'erreur, pour tenter de la corriger, est une qualité que malheureusement beaucoup de nos politiciens considèrent comme un signe de faiblesse. Ils sont majoritairement adeptes de l'adage arabe qui dit «soutiens ton frère même s'il est dans le tort». Quand l'amendement d'une loi de Finances est le fait de l'opposition et/ou dicté par un changement majeur, l'on est dans la configuration la plus logique. Mais quand un parti chef de file d'une majorité ne laisse aucune autre issue à ses «partenaires» que de demander l'amendement à travers le Parlement, cela dénote une certaine «unilatéralité» dans la prise de décision. Une majorité suppose, par définition, une solidarité, certes, mais pas au détriment du bon sens et de l'honnêteté. Tout comme majorité ne veut pas dire alignement total et obligé sur une seule doctrine, à moins d'être adeptes du totalitarisme. Enfin, conduire une majorité, spécialement quand on s'en réclame chef de file, suppose une capacité de dépasser les clivages d'ordre partisan et une aptitude à assumer pleinement les erreurs collectives, le cas échéant, et surtout à ne pas s'attribuer tout seul les bons points en pensant aux prochaines élections…