Le prix de référence est-il en train de disparaître dans les importations des voitures ? Des opérateurs l'ont constaté sur le terrain. Le prix de référence est-il supprimé en matière de l'importation de l'automobile ? Beaucoup d'importateurs membres de l'AIVM se posent cette question. Les Renault, Opel et Fiat l'ont noté. Ces deux dernières semaines, les droits de douane ne sont pas indexés sur la base tarifaire de 69 500 au port de Casablanca. Ce qui a intrigué plus d'un concessionnaire. «Nous avons posé la question aux autorités», affirme l'un d'eux, mais à chaque fois on nous a dits qu'il n'y a encore rien». En effet, aussi bien au ministère du Commerce et de l'Industrie que chez l'Administration des douanes et impôts indirects, la réponse est unanime, “le prix de référence est toujours en vigueur”. Cette mesure, protectionniste pour les importateurs, régulante pour les industriels, s'applique aux voitures d'entrées de gammes. Selon Bennani, directeur commercial et marketing de Toyota, le prix de référence est un frein à la consommation. « Si cette barrière saute, nous pourrons vendre les voitures d'entrées de gamme à des prix très accessibles à la clientèle. Il s'inscrit dans le cadre d'un débat plus large, celui de la libéralisation de la filière. Enclenché depuis le mois de mars dernier, l'abaissement de la barrière tarifaire devrait faire baisser sensiblement les prix d'ici 2008. La mesure ne concerne que les importations en provenance d'Europe. Les marques asiatiques ont d'ailleurs commencé à réorganiser leurs filières en conséquence. «Nous avons alerté notre fournisseur en ce sens. Notre but, c'est d'orienter progressivement nos importations vers l'Europe, pour bénéficier de la baisse des droits de douane », affirme le Représentant d'une marque asiatique. Mais, aussi bien les importateurs européens que les asiatiques, tous sont unanimes pour affirmer que la baisse des droits de douane profite au marché automobile, trop atone pour le moment. Les chiffres de 2003 font état d'une baisse de 0,4% du volume des ventes de véhicules (importés et fabriqués localement inclus). Seulement 36 000 véhicules ont été écoulés jusqu'au 30 septembre. Ce qui est bien peu par rapport aux besoins du pays. Le Maroc reste encore très sous-motorisé de l'avis des industriels avec à peine 1,5 véhicule neuf vendu sur un total de 1 000 habitants. Le rapport est de 2,7 en Tunisie, 33 en Espagne et 35 en France. Cette faiblesse du marché marocain est due aussi à un pouvoir d'achat faible. Il faut à un employé payé au smig, 50 mois de salaires pour se payer une Uno, qui est la voiture économique la plus accessible. Il faut, dans un même ordre de comparaison, moins de 10 mois à un smigard français pour payer une voiture. En supprimant les droits de douane, on peut baisser le prix de la vente de 32,5% hors TVA et taxe parafiscale, expliquent les importateurs. « Et ce que l'Etat perd sur l'unité, il le rattrape sur le nombre, attendu que la réforme créera une dynamique ». Seul bémol qui est de taille, l'impact de cette ouverture sur l'industrie locale. Celle-ci a du mal à faire face à ses coûts, sachant qu'une voiture de même catégorie que celle fabriquée localement revient moins cher malgré les droits de douane, le risque de change et le coût du fret. «Il y a donc un problème de productivité qui se pose pour l'industrie locale qui paye pourtant un ouvrier 15 fois moins que dans les chaînes de montage européennes ou japonaises. La meilleure manière d'aider l'industrie locale de montage, d'après les industriels, c'est d'harmoniser la TVA. Or, jusqu'à ce jour, le taux de la TVA sur la vente d'une voiture via le réseau des concessionnaires est de 7%, alors que celui de la TVA sur les forfaits de montage à la Somaca est de 20%. Un écart trop grand.