l'Union européenne et les Etats-Unis, n'ont pas la même approche sur des points aussi sensibles que la question culturelle ou la politique en matière de propriété intellectuelle. Au-delà des différences entre l'association maroc-Union européenne et l'accord de libre-échange Maroc-Etats-Unis relevées par M.Fassi Fihri, il existe une véritable polémique entre la France et les USA, voire même un sujet profond de discorde entre les Etats-Unis et la France. Rappelons, en effet, qu'à l'issue de sa visite de travail à rabat,le ministre délégué du Commerce extérieur, François Loos, le 14 Janvier dernier,avait jugé «incompatible» -compte tenu de l'approfondissement des relations économiques entre l'Union européene et le Royaume du Maroc – des négociations sur la préparation d'un accord de libre-échange entre Rabat et Washington : «On peut discuter de tout, mais on ne peut viser deux choses qui sont incompatibles», a lancé le ministre français. La réponse, cinglante, du secrétaire d'Etat au Commerce, Robert Zoellick – répétons-le encore – ne s'est pas fait attendre: «Cela m'a rappelé que la France avait instauré un protectorat sur le Maroc en 1912, a rétorqué sur RFI,R Zoellick. L'idée en somme, c'est que le Maroc ne peut pas passer d'accord de libre-échange avec les Etats-Unis(…) Jamais, je n'ai fait de commentaires lorsque l'Europe a passé des accords d'association avec le Maroc (..) Nous ne vivons pas le même monde que le ministre français. C'est une époque révolue (..) J'espère que la Commission européenne va prendre ses responsabilités et faire remarquer à M. Loos que ce type de commentaires est inadéquat et inadapté.» Cette polémique, rare à un tel niveau, s'explique par la course que mènent l'Union européenne et les Etats-Unis dans leur politique commerciale. Nous avons pu constater qu'au cabinet de François Loos, on insiste sur le soutien que lui aurait apporté le ministre des Affaires etrangères, Dominique de Villepin, sans tenter de minimiser la portée des propos. Par contre, un simple contrôle a permis de relever que madame Anne Cazala, conseillère technique chargée des questions communautaires et multilatérales, est d'un avis différent. Elle a précisé : «Le gouvernement et l'Union européenne ne sont pas contre un accord de libre-échange entre les USA et le Maroc. Un tel accord augmenterait le potentiel de l'économie du Royaume. En revanche, l'Union européenne et les Etats-Unis, n'ont pas la même approche sur des points aussi sensibles que la question culturelle ou la politique en matière de propriété intellectuelle. C'est sur ce dernier point que portait la critique de François Loos», a précisé Madame Anne Cazala. Donc, au lieu d'une discorde complète, le point d'achoppement principal, selon la déclaration plus générale du ministre français, aurait dû concerner la seule question culturelle. La France milite, en effet, pour promouvoir la fameuse «exception culturelle» qui indique la volonté de l'Union européenne de sortir le secteur culturel de la libération du commerce. Il s'agit de mettre l'audiovisuel, en dehors des services et des biens. Car pour l'Union européenne, un bien culturel prédomine le libre service ou échange. On sait pourtant combien les Américains vivent mal ce type d'exception, car la culture représente, rappelons-le, le second poste d'exportation des Etats-Unis, juste derrière l'aéronautique. Il est important de souligner que le rejet par François Loos d'un accord entre le Maroc et les USA n'est pas partagé par les spécialistes du ministère français des Affaires étrangères. Seules les questions culturelles, dans leur aspect le plus étendu, sont concernées par la réoccupation française et, donc, européenne. Sur ce point, la solution n'est pas simple mais elle reste à trouver.