Croyant que c'était la police qui effectuait une descente dans un appartement de la débauche, Abdelilah s'est jeté par la fenêtre du 4ème étage et il s'est tué. En fait de policiers, il ne s'agissait que d'une bande d'agresseurs. Attablé dans un café du centre ville, à Casablanca, Abdelilah regardait sans cesse sa montre. Il attendait son ami Badr depuis une demi-heure. Ce dernier arrive, un quart d'heure plus tard, l'air pressé. Il présente ses excuses. «Mais c'est pour toi que je suis en retard», lui affirme-t-il. Pour lui? Abdelilah ne comprend pas grand-chose aux propos de son ami. Il a cru qu'il s'agissait simplement d'un prétexte pour qu'il ne lui fasse plus de reproches. Mais Badr a réitéré que, s'il était en retard, c'était à cause de lui. «Mais je ne t'ai rien demandé», lui dit-il, étonné. Badr s'est assis, a demandé un café noir avant de lui expliquer qu'il s'était rendu auprès de la femme qui lui louait une chambre de son appartement à 500 dirhams par mois. L'appartement est situé au quartier Annassim, dans la préfecture de Hay Hassani-Aïn Chok. Il a précisé qu'il avait demandé à sa propriétaire de lui permettre de venir accompagné de son ami et de leur chercher deux filles, avec lesquelles ils passeraient une belle nuit. Au départ, Abdelilah a hésité, mais il a fini par l'accompagner, le lendemain, chez la proxénète. Effectivement, ils ont passé de bons moments avec deux filles de joie. Depuis, Abdelilah a demandé à son ami de lui permettre de faire usage de la chambre, de temps en temps, contre le versement d'une partie du loyer. Badr a accepté et lui a remis un double des clés de l'appartement et de la chambre. Abdelilah a commencé à s'y rendre en compagnie de sa maîtresse, Amina et il a remarqué que la mère maquerelle louait également l'autre chambre à d'autres personnes, dont Adil et Charkaoui. Récemment, Abdelilah était en compagnie d'Amina. Quelques moments plus tard, Adil qui loue l'autre chambre est venu le voir. «Mon ami Jamal occupe la chambre pour une demi-heure et j'ai pensé passer quelque moment avec vous en attendant». Abdelilah l'a accueilli chaleureusement, surtout qu'ils ne s'étaient pas rencontrés depuis belle lurette. Au cours de leurs conversation, ils ont entendu des coups à la porte. Adil est sorti de la chambre et a ouvert la porte. «Un verre d'eau, s'il vous plaît», lui demande un jeune homme qui n'était pas seul au seuil de l'appartement. Adil est étonné. Pourquoi diable quatre jeunes hommes et une fille sont-ils tous montés au quatrième étage pour qu'un seul d'entre eux demande un verre d'eau ? N'y aurait-il plus d'eau dans les cafés, chez les commerçants, chez les habitants du premier étage ? Des interrogations qui ont perturbé Adil, qui s'est dirigé vers la cuisine pour lui apporter un verre d'eau. Après quoi les cinq jeunes ont rebroussé chemin. Un quart d'heure plus tard, des coups violents ont fait sursauter Adil, Abdelilah, Amina, Jamal et son amante qui était en sa compagnie dans l'autre chambre. Tremblant de peur, Abdelilah s'est figé sur place. «Que faire? C'est la police», balbutia-t-il. Adil a tenté le calmer et lui a demandé de rester près de sa maîtresse. Il est sorti de la chambre. En ouvrant, il s'est retrouvé devant les mêmes personnes qui lui avaient demandé quelques instants plus tôt un verre d'eau. Adil et Amina sont restés à l'intérieur de la chambre, alors que Jamal et son amante sont sortis pour voir de quoi il s'agissait. De quoi s'agit-il ? les quatre jeunes hommes les ont attaqués et leur ont subtilisé tout ce qu'ils portaient sur eux avant de rebrousser chemin. Aussitôt, Amina, la maîtresse d'Abdelilah est sortie de la chambre en demandant à Adil d'intervenir. «Abdelilah s'est jeté de la fenêtre», lui lança-t-elle. Hébété, Adil qui n'a pas osé s'assurer de ce qui était arrivé à Abdelilah leur a demandé de sortir par l'escalier de secours en essayant de ne pas attirer l'attention. Dans la rue, ils ont remarqué des badauds attroupés autour d'Abdelilah. Ayant subi de multiples fractures, ce dernier a été évacué vers les urgences après l'arrivée de la police. Une enquête a été ouverte pour tirer l'affaire au clair. Au départ, les enquêteurs ont cru à une tentative de suicide. Mais certains habitants du quartier ont déclaré avoir remarqué, à maintes reprises, la victime accompagner une fille vers l'appartement de Khadija. Ils ont ajouté que cette dernière a aménagé son appartement pour la débauche et qu'elle louait ses deux chambres à des célibataires. Arrêtée, Khadija a rejeté en bloc les accusations portées contre elle. Mais, deux clés trouvées sur la victime l'ont confondue. L'une des clés a ouvert la porte de l'appartement et l'autre la chambre. En cherchant dans le répertoire de son téléphone, les enquêteurs ont découvert son numéro. Et Khadija a craché le morceau, en révélant aux limiers avoir loué les deux chambres à des jeunes hommes. Elle leur a donné les noms et les numéros de téléphones de ses deux principaux clients dont Charkaoui. Ce dernier leur a révélé le nom de Badr et celui-ci leur a expliqué que la victime est bel et bien son ami Abdelilah qui était en compagnie de sa maîtresse Amina. Cette dernière a précisé aux enquêteurs que son amant s'était jeté par la fenêtre pour échapper à la police. A l'intérieur du commissariat, lors de son interrogatoire, Adil a remarqué Yassine, l'un des quatre jeunes hommes qui les avaient attaqués à l'appartement. Aussitôt, il a alerté un policier. «C'est lui, c'est lui», a-t-il crié. Yassine a avoué l'avoir agressé à l'intérieur de l'appartement. Et il a dévoilé les noms de ses complices. Treize personnes ont enfin été arrêtées et ont été traduites devant la justice.