Valse des dirigeants, batailles rangées entre les clans, hooliganisme à tous les étages, résultats décevants. L'équipe des Verts, qui a longtemps fait rêver les foules de supporters et d'amateurs du beau jeu, est en train d'incarner tous les maux de notre football et de nos clubs. À quand un véritable sursaut qui commence par un vrai ménage dans les instances dirigeantes des équipes et des fédérations ? Pluie de sanctions chez le Raja. C'est le moins que l'on puisse dire sur la décision prise par le comité, cette semaine, qui a titré sur tout ce qui bouge. Y compris l'un des leurs en l'occurrence le plus ancien dirigeant et l'homme qui se fait le plus discret, le vice-président Abdellatif Lasky. Il est vrai que le Raja connaît des crises de résultats et de confiance, mais l'on peut se demander pourquoi pointer du doigt Lasky au lieu d'un autre. Il y a certainement anguille sous roche, quand on sait que le secrétaire administratif, Said Bouzerouata, a connu le même sort. Pourtant tout le monde sait que dans ce genre d'erreur ou d'omission qui lui sont reprochées la responsabilité relève de la compétence du secrétaire général du club. Non seulement ce dernier n'a pas été sanctionné, mais Mustapha Dahnane a été promu en tant que trésorier et confirmé dans sa première fonction. Difficile de comprendre le sens d'une sanction comme celle du gel des activités jusqu'à la fin de la saison. D'autant plus, qu'elle concerne l'ex-trésorier, Mohamed Ouafiq, qui avait pourtant démissionné quelques jours auparavant. Le paradoxe est de taille, il est même insensé quand une suspension affecte un membre démissionnaire et un autre qui n'a commis aucune faute. Le vice-président Abdellatif Lasky, puisque c'est de lui qu'il s'agit, n'a rien à voir dans l'erreur monumentale commise lors de la finale de la ligue des champions. Lors du match aller, les joueurs du Raja arboraient sur leurs maillots de la publicité de deux marques alors que le règlement de cette compétition exige le port du logo du seul sponsor officiel. Et comme pour s'acharner sur El Asky, le comité lui colle la responsabilité de n'avoir pas déposé une réserve sur la non-qualification de deux joueurs adverses, lors du match du Raja contre Chabab El Massira. Jusqu'à preuve du contraire, la responsabilité de la feuille du match incombe au seul secrétaire général du club et personne n'a jamais vu un vice-président s'occuper de cette tâche. D'ailleurs personne parmi les dirigeants, ni le public et encore moins les journalistes, ne croit à cette parodie d'accusations du comité du Raja contre l'un des leurs. C'est même une première qu'un dirigeant de l'envergure d'Abdellatif El Asky soit sanctionné par son club. Pour des fautes qu'il n'a pas commises. Le comité du Raja s'est–il basé sur des préjugés, ou a-t-il tout simplement cédé devant la pression du public , des adhérents ou du lobby des cafés pour trouver un bouc-émissaire ?Notre confrère Najib Salmi a raison de s'étonner et de se demander (voir ci-contre) sur la raison qui a poussé le comité à jeter en pâture un homme de la trempe d'Abdellatif Lasky. Le président de l'AMPS touche au nœud du problème quand il s'interroge comment un comité bien élu d'un aussi grand club soit aussi faible devant la pression. Et la pression, c'est le mal qui ronge le Raja depuis des décennies, surtout lorsqu'on sait qu'elle émane parfois de petits voyous de supporters téléguidés par certains dirigeants tout aussi voyous. Il est impensable qu'une équipe aussi prestigieuse et aussi structurée que le Raja soit aussi fragilisée par les potins de la rue, des cafés et l'appétit insatiable des profiteurs de tout bord. Le club brasse un budget qui avoisine les 30 millions de dirhams par an sinon plus quand le club perçoit des recettes exceptionnelles comme en ligue des champions. Le club emploie près d'une centaine de salariés dans le centre de formation, l'école de football et dans la gestion de l'équipe première. L' équipe a eu la chance d'avoir comme présidents deux experts comptables en la personne d'Abdallah Ghanam et d'Ahmed Amor. Ces deux dirigeants ont contribué énormément à la mise en place d'un mode de gestion rigoureuse conforme aux normes de la comptabilité. Mais ces deux dirigeants n'ont pas échappé à la vindicte populaire rajaouie, même s'ils ont cumulé de bons résultats et ont réussi à équilibrer les finances du club. Ahmed Amor s'est vu même refuser le quitus du rapport financier, alors que pendant son mandat, les recettes ont augmenté ostensiblement. Sa gestion rigoureuse n'a pas plu à certains de ses compères parce que tout simplement il évitait les dépenses ostentatoires : « Je le dis aujourd'hui après avoir quitté le comité du Raja, je n'ai jamais bu un café sur le compte du club et j'ai toujours voyagé sur mes frais personnels. L'équipe dispose de plusieurs comptes bancaires répartis par sections : centre de formation, école de football, équipe première, etc. Tout est donc contrôlable puisque toute dépense est contresignée par quatre personnes à partir du responsable de la section, du comptable, de la direction du club et du président de la commission financière. C'est après vérification que le chèque est signé par le trésorier et le président. Mieux encore. Les comptes du Raja ont été audités par un cabinet externe qui met à nu les visées peu orthodoxes de ceux qui n'ont pas voulu approuver le rapport financier. » L'ex-président a raison de dire que certains ne savent que détruire puisqu'ils n'ont jamais pu construire. Il estime que la crise du Raja a été surdimensionnée, dramatisée alors que cela rentre dans l'ordre des choses du football. Ce que Ahmed Amor a oublié de dire, c'est que le Raja a connu toujours des intrus qui n'ont rien à voir avec le football mais qui ne peuvent que pêcher dans les eaux troubles d'un pseudo-football.