Abou Mazen ne veut pas être le président d'un «Etat-minus». il préfère revenir aux négociations à Camp David et à Taba. Le gouvernement d'Ariel Sharon a voté, en définitive, le désengagement de Gaza, en enregistrant les effets de la loi sur l'évacuation des 21 colonies de gaza et des 4 colonies du Nord de Cisjordanie. Sur les 22 membres du gouvernement d'union du Likoud, avec les Travaillistes et les religieux du Yehdout Hatora, 17 ministres ont voté pour et 5 contre. Le groupe des cinq opposants est dirigé par Benyamin Netanyahou et coordonné par Tsahi Hanegbi, également président du Comité Central du Likoud. Le désengagement de la bande de gaza est définitivement adopté et sera réalisé, à partir du 27 juillet 2005, par l'évacuation de toutes les colonies et de toutes les positions militaires de ce territoire. Netanyahou a voté pour cette opération à la knesset, mais a refusé sa confirmation en conseil des ministres pour garder ses liens et son influence sur les «rebelles» du Likoud. Ainsi, avec ces 13 députés, les cinq ministres représentent la moitié du groupe parlementaire majoritaire. Mais les vingt députés de l'opposition à Sharon vont voter pour le budget 2005 du ministre des Finances, Netanyahou, avant le 31 mars prochain, pour éviter une dissolution automatique du parlement (Knesset). Donc Sharon a confirmé sa politique de désengagement de gaza et celle de son ministre des Finances, en faveur d'un budget dont une partie des dispositions sociales ne sont pas acceptées par les Travaillistes. Et, surtout, par le parti religieux orthodoxe du Shass qui reste en dehors du gouvernement Sharon avec ses 11 députés. Deux autres ministres du Likoud étaient contre le désengagement sans la confirmation d'un référendum exigé par les colons. Il s'agit de Limor Livnat, qui ne veut pas perdre sa place au gouvernement et Sylvain Shalom qui a fait tout une campagne pour le référendum, après avoir voté pour le désengagement à la Knesset. Le ministre des Affaires Etrangères prétendait aller jusqu'à une opposition au sein du gouvernement, mais Sharon lui a demandé de choisir entre sa solidarité avec son premier ministre et la perte de son fauteuil : il a choisi le fauteuil, en votant «pour» le désengagement dimanche dernier. Il aura, ainsi perdu définitivement toute influence à la direction de son parti : le Likoud… Sharon dans son conflit avec Benyamin Netanyahou qui s'impose comme son successeur potentiel au sein du parti, a retenu les «lâches» ainsi qualifiés par les «rebelles» , à savoir Limor Livnat et Sylvain Shalom. Mais il apparaît aussi, qu'auprès le sommet de Charm El Cheikh, mahmoud Abbas (alias Abou Mazen) a, selon l'analyste du quotidien haaretz, Alouf ben, «posé une mine politique redoutable aux pieds de son nouvel ami Ariel Sharon en demandant, dans une interview accordée au New-York Times, la reprise des négociations sur le statut final de l'Etat palestinien». Abou Mazen aurait proposé l'ouverture de négociations secrètes, pour éviter l'étape prévue dans la «feuille de route», d'un Etat palestinien, dans des frontières provisoires. Et, ensuite seulement, la négociation des frontières définitives. Donc Abou Mazen ne veut pas être le président d'un «Etat-minus ». il préfère revenir aux négociations à Camp David et à Taba, qui avaient été bloquées par Yasser Arafat, considérant qu'il était trop tôt, - soit avant le 2ème phase de l'application de l'accord d'Oslo (libération de territoires de Cisjordanie), d'entamer de véritables négociations sur «les frontières définitives, les réfugiés palestiniens et Al Qods»… Curieusement, c'est à présent Ariel Sharon qui s'oppose catégoriquement à cette proposition de Mahmoud Abbas, en expliquant «il n'y aura pas de sauts en avant». Donc les idées de Mahmoud Abbas semblent «aller trop loin et trop vite, aujourd'hui». c'est seulement après la réalisation du plan de désengagement que Sharon pourra «subir» les pressions pour d'autres retraits. Sharon a fait voter, dimanche, son gouvernement sur la reprise du «mur de sécurité», en tenant compte de l'arrêt de la Cour Suprême d'Israël. Mais sa nouvelle ligne qui effectue un détour au profit de la grande colonie, maalé Adounim (25000 habitants), s'éloigne des frontières de 1967, occupant 3% de territoire de plus que prévu par barak et Yossi beilin. Mahmoud Abbas refuse l'occupation de tout « centimètre de plus », et insiste pour participer à la coordination du désengagement de gaza, dans l'espoir de le faire suivre par celui de la Cisjordanie. Sharon s'adresse de son côté au président George Bush pour exiger l'application de la solution de la «feuille de route», en dehors de toute autre possibilité. Encore faut-il, évidemment, qu'un Etat palestinien soit déclaré sans tarder. Shimon Peres, adjoint de Sharon au sein du gouvernement, «a repris ses habitudes, signale encore l'analyste Alouf Ben, en téléphonant régulièrement à Mahmoud Abbas et Mohamed Qorei et en rencontrant rajoub et Dahlan, tout cela, en coordination avec le chef du gouvernement norvégien, qui avait aidé aux accords d'Oslo ». ainsi, écrit encore Alouf Ben « Peres n'a pas le temps. Il voudrait créer un système national d'assurances avec l'Autorité Palestinienne pour concurrencer les œuvres de bienfaisance religieuses du hamas »… Tout cela est possible, mais il apparaît que, dimanche dernier, le gouvernement israélien par ses deux décisions, concernant le désengagement de gaza et «la protection des plus grand implantations de Cisjordanie», a voulu déterminer le «legs Sharon». Il fixe la frontière-Est israélienne, dans le cadre des frontières définitives de l'Etat palestinien. Sharon reconnaît sans détour cet Etat, à travers les deux phases de la «feuille de route» du président Bush: avec des frontières provisoires, puis définitives, en conclusion de négociations israélo-palestiniennes…