Il est évident que Sharon a perdu la majorité parlementaire et qu'il ne pourra faire passer son projet d'évacuation des 21 colonies de Gaza et des 4 colonies du nord de Cisjordanie, qu'avec les voix des Travaillistes, voire même de la gauche, à la Knesset. Le désengagement de la bande de Gaza devient le thème de la lutte d'un comité comprenant des membres des trois grands partis israéliens Shinouï, Travaillistes et Likoud. Il s'agit de professeurs d'universités, d'officiers supérieurs, de chefs de police à la retraite et de politiciens, dont des députés des membres du Comité central du Likoud, - le parti de Sharon -, ou des maires de villes. Sharon devant rencontrer les colons de Gaza la semaine prochaine, dans une «rencontre de sa vie», ce comité veut le soutenir pour réaliser le désengagement de Gaza et l'évacuation des 21 colonies et des positions militaires permanentes, et celle des 4 colonies isolées dans le nord de Cisjordanie, malgré les manifestations de rue des colons religieux orthodoxes. La semaine prochaine plusieurs personnalités actives des partis les plus importants israéliens, le Likoud (droite), les Travaillistes et le Shinouï (modérés-laïcs), veulent déclarer la création d'une organisation permanente soutenant le désengagement de Gaza. L'un des initiateurs a clairement dit : «il faut se mobiliser contre l'agressivité de la droite fanatique : le désengagement de Gaza est un objectif national supérieur». Certes, il existe une association dite des «amis d'Ariel (Sharon)» qui a commencé à publier des pétitions au profit de la politique du chef de gouvernement, en disant : «Arik Sharon a fait du Likoud le plus grand parti politique du pays. Il faut donc le soutenir…» Les membres des colonies s'adressent, de leur côté, aux députés travaillistes. Cette semaine un comité de l'organisation dite «Cisjordanie et Gaza» attaque le projet de désengagement et d'évacuation des 21 colonies de Gaza et des 4 colonies du nord de Cisjordanie. Les colons utilisent des hommes de relations publiques spécialisés qui organisent des réunions depuis trois semaines avec des membres travaillistes de la Knesset (Parlement). Ils essaient de trouver des points communs dans la conviction des deux groupes… Certains députés travaillistes comme des membres de gouvernement marqueraient des oppositions partielles au projet de Sharon, disent les experts, d'autant qu'ils n'osent pas s'exprimer librement face à une certaine pression publique des religieux orthodoxes. Quoi qu'il en soit, un député travailliste conclut : «Parler avec les opposants c'est bien. Mais il faut constater que tous les membres travaillistes de la Knesset, sans exception, ont voté pour la sortie de Gaza, et l'évacuation des colonies». De son côté Sharon prépare, pour la semaine prochaine, «une rencontre historique» avec les colons de Gaza. Il leur demande, selon le journal «Maariv», d'ores et déjà, «de se calmer et de ne pas trop tirer sur la ficelle». Ils lui répondent, déjà : «Si tu n'étais pas à la tête du gouvernement, tu serais le chef de notre révolte. Pourquoi as-tu changé soudain ?». Les sondages démontrent un effondrement de la cote de Sharon, après son échec au Parlement (Knesset) lundi dernier, avec 53 voix contre et 44 voix pour le désengagement de Gaza. D'autant que 46% des Israéliens demandent des élections anticipées, contre 38% qui se déclarent pour une nouvelle coalition gouvernementale malgré le départ définitif des religieux du Mafdal (Parti national religieux). En cas de nouvelle coalition, 60% sont favorables aux travaillistes de Shimon Peres, alors que 30% préfèrent une alliance avec les partis orthodoxes (Harédim) du Shass et de «l'Unité de la Thora». Il est évident que Sharon a perdu la majorité parlementaire et qu'il ne pourra faire passer son projet d'évacuation des 21 colonies de Gaza et des 4 colonies du nord de Cisjordanie, qu'avec les voix des Travaillistes voire même de la gauche, à la Knesset. L'équipe de Shimon Peres exige un programme complet pour la solution du problème des territoires palestiniens avant de s'engager sur le seul départ de Gaza.