Présent en masse à la Bourse de tourisme de Lisbonne, le Maroc visait le renforcement des arrivées touristiques portugaises, exceptionnellement en hausse par rapport à 2001, et européennes. Mais la conjoncture internationale difficile ne risque-t-elle pas de pénaliser le secteur ? Préparatifs de guerre contre l'Irak, récession des recettes touristiques, malaise économique et une mondialisation qui risque de pénaliser les économies émergentes notamment sur le plan touristique. C'est dans cette atmosphère générale que s'est tenue, du 22 au 26 janvier, la Bourse de tourisme de Lisbonne, l'un des plus grands salons européens. Pris entre le marteau de vouloir faire du tourisme un secteur-clé de son économie et l'enclume de la possibilité d'un éventuel recul en matière d'arrivées, ce qui pénaliserait fortement ses ambitions, le Maroc ne pouvait que signer présent à cette manifestation. L'occasion à la fois de relever ce constat et de permettre au Royaume d'entamer une série de mesures pour attirer les touristes portugais et européens. Connue pour être un événement touristique phare, la Bourse de Lisbonne a été le théâtre d'une présence en masse du produit Maroc. La délégation de l'ONMT (Office National Marocain du Tourisme) au Portugal, la compagnie Regional Airlines qui dessert Lisbonne et les nombreux professionnels venus de plusieurs régions du Maroc (Tanger, Agadir, Fès, Casablanca, Meknès et Erfoud) ont tous signé présents. L'objectif étant de maintenir la tendance à la hausse exceptionnelle de ce marché. Une tendance qui s'est soldée l'année dernière par l'arrivée de quelque 42.000 touristes portugais. Dans cette perspective, un plan d'action pour l'année 2003 a été présenté aux responsables et acteurs touristiques portugais. Plus qu'un pays où le tourisme florissant pourrait servir d'exemple au Maroc, le Portugal est un marché touristique important pour le tourisme national. En témoignent les dernières statistiques en la matière. Des statistiques selon lesquelles le nombre de touristes portugais a connu, en 2002, une hausse de 20% par rapport à 2001, alors que les marchés traditionnels, conjoncture internationale oblige, ont connu une baisse significative. Une ambition affichée donc de conforter cet élan portugais, mais que le manque de l'offre en transport aérien risque de pénaliser. La mise en place de charters par les Tours opérateurs portugais l'été dernier a sauvé la saison. Pour cette année, plusieurs charters sont programmés par les cinq grands opérateurs de la place à partir du mois de mars. La cadence sera doublée en été avec la programmation de charters à bord d'appareils de 171 sièges au lieu de 97. Les villes-phares promues sont notamment Agadir et Marrakech. De plus, deux de ces grands Tour-opérateurs ont opté pour des compagnies marocaines de charters ayant une capacité de 171 sièges. En plus de l'intensification des contrats de commercialisation pour promouvoir des charters, le travail sur le terrain sera poursuivi par des workshops, des Road-shows et autres semaines gastronomiques à organiser à travers le pays. Royal Air Maroc (RAM) ayant fermé la ligne Casablanca-Lisbonne depuis un an, seule la compagnie privée Regional Airlines qui maintient des vols réguliers sur le Portugal (quatre rotations assurées quotidiennement entre Lisbonne et Casablanca). Les professionnels de la région de Tanger, venus en nombre à Lisbonne et qui sont très sensibles à ce marché de proximité et à sa courbe de croissance, étaient les premiers à formuler l'espoir de la mise en place d'une liaison aérienne capable de transporter le volume que génère ce pays. Tous ont convenu de la nécessité d'augmenter la capacité de transport aérien et d'envisager en parallèle la mise en service d'une ligne maritime directe entre Tanger et Faro (sud du Portugal), ne serait-ce que de manière saisonnière. L'action marocaine s'inscrit dans une large optique qu'est celle de la Vision 2010, une échéance que le pays s'est fixé et aux termes de laquelle on compte accueillir plus de 10 millions de touristes par année. Mais étant intimement lié à la conjoncture internationale, le secteur touristique risque de faire les frais de plus d'une source de blocage. A commencer par la perspective d'attaques militaires contre l'Irak qui augure d'ores et déjà d'une année difficile pour le secteur.