Conférence de la CAF à propos de l'élimination précoce des cinq pays africains engagés au Mondial russe Le continent européen a prouvé une nouvelle fois son hégémonie sur le football mondial. Après le sacre de l'Espagne en 2010, suivi de l'Allemagne en 2014 et enfin de la France il y a quelques jours, le Vieux Continent s'est assurément développé au point de ne laisser aucune chance aux autres grandes formations notamment de l'Amérique latine. Et l'Afrique dans tout cela ? Lors du Mondial russe, cinq pays africains étaient en compétition, à savoir le Maroc, la Tunisie, l'Egypte, le Nigeria et le Sénégal. Cependant, aucune de ces sélections n'a pu dépasser le premier tour. Etonnant lorsque l'on sait que ce n'est ni le talent qui leur manque, encore moins des vedettes. Trop de questions pour si peu de réponses ont poussé la Confédération africaine de football à se réunir samedi à Rabat pour évaluer la participation des pays de notre continent au Mondial russe. Il faut dire que les participants à cette conférence ont été unanimes en reconnaissant que l'échec serait dû et lié en grande partie à la qualité de la formation. «Si on prend en compte qu'il s'agit d'un échec, il faut assumer», a dit le président de la CAF Ahmad Ahmad à cette occasion, soulignant la nécessité de faire une analyse minutieuse, pour avoir des constats et chercher avec les parties prenantes de potentielles solutions. Le Malgache ne s'est pas arrêté là, mettant l'accent sur l'impératif de voir également le format des qualifications, mais surtout et avant tout le football de jeunes (U20 et U23) et les programmes de formation. «Les équipes européennes ont bien réussi ce Mondial parce qu'elles mettent en place des programmes cohérents de formation», a-t-il constaté, notant que l'exemple concret de l'efficacité de cette stratégie est la France. «La France est championne du monde par la formation ! Ils ont produit beaucoup de talents, devenus aujourd'hui toutes des stars mondiales», a-t-il enchaîné rappelant que «la CAF est toujours prête à mettre en œuvre les suggestions et les propositions émanant des techniciens et spécialistes pour revaloriser le travail». Pour ce faire, Ahmad Ahmad a déclaré qu'il faut mettre en place des programmes réels de formation et de gouvernance pour atteindre le niveau mondial. Cette conférence, qui s'est étalée sur deux jours et à laquelle prenaient part des légendes du football, notamment Aliou Cissé, ancien joueur et actuel sélectionneur du Sénégal, le Camerounais Patrick Mboma ou encore son compatriote Geremi Njitap, a été également l'occasion de mettre l'accent sur les moyens mis en place par le pays du Grand Ours pour organiser l'un des Mondiaux les plus «beaux» et les plus «réussis» de l'histoire. «Nous venons de vivre une Coupe du monde Fifa 2018 très riche à tous les niveaux», s'est-il réjoui, faisant savoir que la planification, le travail sérieux et l'ardent désir de servir son pays furent les principales clés qui ont rendu ce pays une vraie terre d'accueil et ce Mondial l'un des plus beaux et des plus réussis de l'histoire du football mondial. «Peut-on rêver d'appliquer à nos plus belles compétitions, la CAN ou la Ligue des champions, entre autres, de telles mesures pour espérer atteindre le très haut niveau dans l'organisation ?», s'est interrogé le Malgache. «La réponse est oui», a-t-il tranché, précisant qu'il faut «revoir notre vision sur l'avenir, asseoir les bases d'une approche stratégique et mettre en place une feuille de route et de nouvelles règles bien définies de planification, de rigueur pour entrer dans une nouvelle ère. L'ère du travail bien fait». De son côté, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Fouzi Lekjaâ, a indiqué que ce genre de conférences est l'occasion de réfléchir sur les mesures à prendre pour développer le football africain et permettre aux pays du continent de rivaliser l'ascension du football mondial. «Il faut faire en sorte de rattraper des décalages qui aujourd'hui deviennent de plus en plus des réalités, que ce soit au niveau de la pratique, de la formation et de la gouvernance de football», a-t-il insisté. «A part quelques initiatives individuelles, les conditions de pratique ne répondent pas aux normes», a-t-il regretté, déplorant le fait de ne pas avoir des processus professionnels pour la formation des jeunes. Ceci étant, «la gouvernance de notre football nous interpelle et nous interpellera durant les prochaines années pour mettre en place des mesures concrètes au niveau de la formation, des infrastructures et permettre à notre football d'aller rivaliser les grandes nations du football mondial», a lancé M. Lekjaâ, également membre du bureau exécutif de la CAF.