Londres renforce sa présence militaire. Bagdad mobilise ses miliciens. Chassé-croisé diplomatique pour éviter la guerre. L'Irak demande à la communauté internationale d'être plus active dans son refus des menaces américaines estimant insuffisantes les condamnations verbales. «Il faut des mesures effectives pour brider l'agresseur et lever l'embargo contre l'Irak», écrit le journal At-Thawra du parti Baas. La presse irakienne a annoncé d'autre part que des milliers de miliciens de ce parti participent à des manœuvres autour de Bagdad pour se préparer à la guerre. Des sources européennes confirment cette information et affirment que selon des «analyses strictement confidentielles de l'OTAN », des troupes irakiennes « s'entraînent actuellement à l'usage d'armes chimiques et peut-être même biologiques». Tout autour de l'Irak, les Etats-Unis sont en train de masser une force, qui pourrait dépasser les 150.000 hommes, qui serait en mesure de passer à l'attaque au cours de la seconde moitié du mois de février, rapporte le New York Times. Le journal précise que la moitié au moins de ces effectifs sont déjà sur place. Trois importants ordres de mobilisation, deux d'un total de 62.000 soldats au cours du week-end et un d'environ 25.000 le 24 décembre, ont enclenché l'envoi crucial de renforts en infanterie, en chars, en navires de guerre et en avions de combat, indique le journal. Le dernier ordre, envoyé samedi, concerne 27.000 soldats, dont des milliers de Marines, une flotte, un escadron de chasseurs furtifs F-117 Nighthawk et deux escadrons de chasseurs de brouillage-radar-f-16C3, affirme le New York Times. Ce dernier ordre marque une nouvelle et importante phase dans la campagne d'Irak, celle qui doit pousser Saddam Hussein à se plier à la volonté américaine en matière de désarmement, souligne le journal. Le déploiement d'effectifs aussi considérables dans le Golfe devrait prendre plusieurs semaines, mais une invasion immédiate de l'Irak serait possible, si besoin, assure la même source. Cependant, lancer une offensive avant la mi-février poserait des problèmes, car les stratèges militaires préfèrent disposer d'un certain temps pour préparer les unités sur leur nouvelle position dans le désert, ont confié en privé des responsables militaires. Parallèlement, l'Angleterre renforce sa présence militaire dans le Golfe avec le départ, le week-end, du porte-avion «Ark Royal», initiant le plus grand déploiement de la Royal Navy depuis la guerre des Malouines, en 1982. Ces préparatifs de guerre vont de pair avec la multiplication d'appels de responsables à travers le monde, opposés à la guerre et d'initiatives diplomatiques. En Turquie, pays clé pour une éventuelle frappe contre Bagdad, plusieurs manifestations ont eu lieu tout au long du week-end dans une dizaine de villes pour dénoncer les menaces de guerre, alors que le Premier ministre Abdellah Gul poursuivait une tournée dans la région. En visite à Ryad et à Téhéran, M. Gul a annoncé que son pays « déploie des efforts communs avec des pays de la région pour trouver une issue pacifique à la crise ». Le président syrien, Bachar al-Assad se rend lui aussi, mercredi; à Téhéran. «La situation en Irak et ses conséquences sur les pays de la région» seront au centre de ses discussions avec les responsables iraniens, précise le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères. Ils doivent également porter sur «la situation en Palestine et les crimes sionistes», ajoute le porte-parole. Sur place en Irak, quatre équipes d'experts de l'ONU ont mené des visites dans des sites suspectés d'abriter des armes de destruction massive, c'est-à-dire chimiques, biologiques et nucléaires.