De toutes parts, les signes avant-coureurs de l'imminence d'une frappe de l'Irak par les Etats-Unis et assimilés se multiplient et se précisent. Les dizaines de milliers de soldats américains, tous corps confondus, qui affluent dans la région, par air, mer et terre. De toutes parts, les signes avant-coureurs de l'imminence d'une frappe de l'Irak par les Etats-Unis et assimilés se multiplient et se précisent. Les dizaines de milliers de soldats américains, tous corps confondus, qui affluent dans la région, par air, mer et terre. L'impressionnant arsenal militaire qui se déverse aux portes de l'Irak. Les déclarations de plus en plus belliqueuses des autorités fédérales, les recherches d'alliances, la mobilisation des amis et satellites. Tout cela n'augure certainement pas de simples mesures d'intimidation pour Saddam Hussein ou d'une démonstration de force à but de manœuvres ou d'entretien de la forme. D'ailleurs, personne ne s'y trompe. Cette veillée d'armes et les conséquences qui en découlent font peser un lourd climat de morosité et de déprime sur ces débuts de la nouvelle année de l'ère chrétienne, un peu partout dans le monde. Le Maroc n'est, bien entendu, pas à l'abri de ces craintes et de ces appréhensions. Au contraire. Il est, de par sa vulnérabilité, de par ses appartenances et de par sa position dans une région géostratégique particulièrement sensible, un peu plus concerné, un peu plus exposé. Tout le monde sait désormais que l'expédition américaine, quoi qu'on en dise, n'est pas une simple expédition punitive destinée à molester un chef de guerre irakien, arrogant et dictateur, pour soulager ses concitoyens et les affranchir du joug qui leur est imposé, au nom de principes hautement idéalistes et humanitaires. Ce serait une insulte de prêter de tels sentiments au président Bush et à son staff. De là où ils sont, ils ne peuvent certainement pas se permettre d'agir sur la base de considérations si triviales, si abstraites et si idéalistes. Les intérêts en jeu, les déchirantes révisions de stratégie au lendemain du 11 septembre, les devoirs dont se pare l'unique superpuissance planétaire, les appétits voraces d'un énorme complexe militaro-industriel en roue libre, mais aussi le prosélytisme au service d'une idéologie installée dans les réflexes d'une psychose nourrie de la conviction qu'elle est visée par toutes les autres prises de position dissonantes et par définition barbares et rétrogrades, sont des arguments autrement plus percutants et plus décisifs. Nous sommes, par conséquent, à la veille d'énormes bouleversements et de la mise en place d'un nouvel ordre à forte connotation américaine dans lequel notre sort en tant que nation, en tant que pays et en tant que porteur d'une certaine identité est hautement concerné. Réputé ouvert sur le monde et acquis aux idéaux de liberté, dans ses diverses expressions, notre pays, dans les modestes latitudes qui sont les siennes, ne peut certainement pas peser sur le cours des choses. Mais, il a la vocation d'être à la pointe des efforts de reconstruction et de réduction des fractures et clivages qui risquent de se creuser davantage sur fond de roulement de tambours de la guerre. Alors, si la guerre devenait réellement inévitable, ses lendemains sont, d'ores et déjà, à anticiper pour que chacun, dans le giron qui est le sien, puisse bâtir et reconstruire ce qu'on est en train de voir s'effondrer devant nos yeux ; c'est-à-dire l'avenir.