La destruction d'un drone américain a été représentée par Baghdad comme une opération de l'armée irakienne « précise et bien préparée ». « Les hommes du Président Saddam Hussein ont abattu un avion d'espionnage américain Predator qui a violé notre espace aérien, en venant du Koweït, lors d'une opération précise et bien préparée », écrivait hier la presse officielle irakienne. Le drone a probablement été abattu, dans la zone d'exclusion aérienne du Sud de l'Irak, par un appareil irakien, selon le Pentagone. Curieusement, les Etats-Unis n'ont pas considéré cet acte comme une escalade. Un autre responsable irakien a déclaré qu'une attaque contre l'Irak ne serait pas une promenade. « C'est un message aux parties concernées que l'attaque contre l'Irak ne sera pas une promenade comme certains se l'imaginent », a-t-il affirmé. Sans se laisser impressionner, les Américains poursuivent leurs préparatifs de guerre dont l'ampleur a été comparée par le vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz à un déploiement pour « une guerre mondiale». Outre le déploiement annoncé de 50.000 soldats américains supplémentaires dans la région, qui viendront prêter main-forte aux 65.000 qui y sont déjà, le Pentagone a annoncé un crédit nouveau pour entraîner des opposants irakiens. Ces forces vont assimiler un certain nombre de techniques pour encadrer les forces qui décideront d'abandonner la guerre. La Hongrie a accepté de former jusqu'à 3.000 exilés irakiens à ces tâches de propagande. Elle n'est pas la seule à le faire. La Turquie le fera aussi. Elle vient d'ailleurs d'annoncer ses bases militaires aux Américains. Elle refuse cependant un pré-positionnement massif de troupes américaines en cas de frappes contre l'Irak. À Baghdad, les inspecteurs de l'ONU, qui ont décidé de ne pas prendre de vacances à Noël, poursuivent leur traque d'armes prohibées, se rendant sur une dizaine de sites. Les Nations unies confirment que ses experts s'apprêtaient à interroger des scientifiques irakiens qui ont participé aux programmes à vocation militaire. Washington insiste pour que ces auditions se fassent en dehors de l'Irak. L'Administration américaine a aussi ignoré la proposition de Baghdad d'inviter la CIA à enquêter dans le pays en compagnie des inspecteurs de l'ONU. À cet égard, aucune explication n'est fournie par les Irakiens dans leur rapport aux Nations unies concernant la « disparition » de quelque 6.000 obus chimiques. Cette anomalie a été relevée pour la première fois en juillet 1998. Une inspectrice de l'ONU avait eu en main, à cette date, le document en question et avait pris des notes pendant une inspection effectuée 16 heures durant au QG de l'armée de l'air irakienne. Les Irakiens ne donnent aucune explication sur cette disparition de bombes chimiques de 250 à 500 kg. En attendant d'y voir plus clair, les Nations unies prédisent que des millions d'Irakiens pourraient avoir besoin d'une aide alimentaire immédiate sans quoi ils mourraient de faim en cas de guerre. De 4,5 à 9,5 millions d'Irakiens pourraient réclamer de l'aide alimentaire extérieure d'urgence pour survivre après le déclenchement des frappes. L'ONU prévoit l'effondrement du programme « pétrole contre nourriture ». Elle prédit une chute de la production pétrolière irakienne, ce qui priverait Baghdad des fonds nécessaires à l'achat de nourritures. La distribution des aliments serait alors complètement paralysée. Quelque 900.000 Irakiens fuiraient le pays et 100.000 parmi eux auraient besoin d'une assistance d'urgence. Au plan diplomatique, la Russie a affirmé qu'il ne fallait pas céder à l'hystérie à propos de l'Irak, s'élevant contre l'attitude des Etats-Unis : « L'hystérie n'est pas le meilleur moyen pour régler les problèmes et c'est pourquoi nous, en Russie, continuerons d'agir dans le cadre strict des résolutions du Conseil de Sécurité de l'ONU », a déclaré Igor Ivanov.