Washington compte aider financièrement les groupes irakiens d'opposition au régime de Saddam Hussein menant des opérations secrètes contre ce dernier. La Russie confirme qu'elle allait signer un accord avec Baghdad. Selon Oleg Buklemechev, conseiller du Premier ministre russe Mikhaïl Kassianov, le document de l'accord est en cours de préparation. Ce faisant, il a confirmé une information publiée la veille par le Washington Post. «Nous ne savons pas quand aura lieu la signature. Dès qu'il sera prêt, il sera signé », a-t-il ajouté. Cet accord de partenariat sur cinq ans concerne notamment la coopération en matière de pétrole, d'énergie électrique et d'infrastructures ferroviaires. Selon Buklemechev, il ne violera pas les sanctions imposées par les Nations unies à l'Irak après qu'il eut envahi le Koweït en août 1990. Selon le Washington Post, cet accord risque de rendre la tâche encore plus difficile pour le président George Bush, s'il souhaite rallier Moscou à une éventuelle opération militaire contre Baghdad. Le Sunday Times avait annoncé que les fonds que Washington compte verser à l'opposition irakienne serviront à corrompre de hauts responsables et, si nécessaire, à leur permettre de quitter le pays. Citant un porte-parole du Congrès national irakien (CNI), le plus grand groupe d'opposition au régime de Baghdad, le Sunday Times ajoute que cette aide financière servira également à financer un réseau d'opposants irakiens dont Washington espère qu'il va gagner les cercles rapprochés de Saddam Hussein. Le Sunday Times ne précise pas le montant des fonds que les Etats-Unis comptent allouer aux opérations clandestines de l'opposition actuellement en cours en Irak, mais écrit que le département d'Etat a accepté de débloquer 8 millions de dollars destinés au financement d'activités publiques telles que le fonctionnement d'une chaîne de télévision et de journaux, inactifs faute de moyens. L'aide de Washington allait permettre de soutenir des opérations clandestines en cours de réalisation dont le coût est estimé à environ 350.000 dollars par mois, a annoncé un porte-parole du CNI. Le Sunday Times cite par ailleurs une source non identifiée au sein de l'opposition irakienne selon laquelle le régime de Saddam Hussein serait de « plus en plus vulnérable». «L'armée ne se battra pas pour Saddam Hussein», a indiqué cette source. «Notre analyse est la suivante : ils sont trop faible pour se battre contre lui, mais ils ne se battront pas pour lui ». L'administration Bush a accueilli ce mois-ci des opposants irakiens à Washington. Pour sa part, George Bush a défendu vendredi sa politique vis-à-vis de l'Irak au sein de son propre camp, celui des Républicains, assurant qu'il consulterait ses alliés et qu'il ne prendrait des décisions qu'en se basant sur les «dernières informations disponibles». Bush affirme que l'Irak fait partie d'un «axe du Mal» cherchant à fabriquer des armes de destruction massive, ce qui justifie selon lui une intervention militaire contre Baghdad. L'Irak rejette ces accusations. De leur côté, le vice-président américain Dick Cheney et le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld ont convenu avec la délégation irakienne de «la nécessité d'établir un régime démocratique en Irak en cas d'aboutissement des projets de renversement du régime de Saddam Hussein». Sur le terrain, l'aviation anglo-américaine a confirmé samedi avoir lancé, pour la deuxième fois cette semaine, un raid dans le sud de l'Irak. L'information avait auparavant été communiquée par l'armée irakienne, selon qui les tirs ont touché des civils et des bâtiments dans la province de Dhi-Qar, à 375 kilomètres au sud de Baghdad. Les défenses anti-aériennes irakiennes ont tiré sur les avions, les forçant à retourner vers leurs bases au Koweït, précise-t-elle dans un communiqué. Le Commandement central américain, responsable des opérations menées dans le Golfe, a indiqué que l'aviation anglo-américaine avait « utilisé des armes précises» et pris pour cible samedi vers 10h30 GMT un système radar dans le sud de l'Irak. Le raid de samedi constitue la 27e attaque déclenchée cette année par l'aviation alliée dans les zones d'exclusion aérienne du sud et du nord du pays décrétées après la Guerre du Golfe en 1991.