Maroc-Espagne. Le Parlement des îles Canaries vient d'adopter une "Déclaration Institutionnelle" sur le Sahara. Le document, obtenu par A.L.M., est signé par le parti de José Maria Aznar. Le mandat de la MINURSO expire le 31 janvier 2003 et le Conseil de sécurité des nations-Unies devrait se réunir, avant cette date, pour prendre une décision sur le dossier. Le plus probable, affirment les observateurs, est que le mandat de la mission onusienne soit prorogé afin de permettre au représentant spécial du secrétaire général de l'ONU de reprendre les pourparlers avec les parties concernées. James Baker, qui entamera à la mi-janvier une tournée dans la région qui le mènera au Maroc, en Algérie et en Mauritanie, devrait présenter une nouvelle voie de solution entrant dans le même cadre de la solution politique. Par ailleurs, et en perspective de l'entrée de l'Espagne au conseil de sécurité de l'ONU qui prendra effet au premier janvier de l'année prochaine, le lobby pro-Polisario dans ce pays multiplie les pressions sur le gouvernement de Madrid pour l'inciter à adopter des positions anti-marocaines lors des débats du conseil sur l'affaire du Sahara. Ainsi, le Parlement de la région autonome des îles Canaries a adopté, le 19 décembre, une "Déclaration Institutionnelle" sur le Sahara. Ce document a été signé à l'unanimité par les groupes parlementaires siégeant dans le législatif canarien à savoir le Parti Populaire (PP), Coalicion Canaria (CC), le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol PSOE) et Agrupacion Herrena Independiente (AHI). La signature par les représentants régionaux des partis politiques les plus représentatifs de la vie politique espagnole comme le Parti Populaire, qui est actuellement au gouvernement, et le PSOE, leader de l'opposition, posent plusieurs questions sur les intentions des dirigeants espagnols qui ne cessent de parler de la nécessité d'aller de l'avant dans les efforts d'apaisement de la crise maroco-espagnole. Car, le fait que ce document ait été signé par les chefs des groupes parlementaires desdites formations politiques signifie que tout ce qui y est annoncé engagerait politiquement ces partis au niveau central. Sur ce, il y a lieu de signaler que le contenu de la "Déclaration Institutionnelle" du Parlement des îles Canaries contient des prises de position et des déclarations graves en ce qui concerne la position du Maroc sur ses provinces sahariennes. D'abord, les signataires estiment que la présence du Maroc au Sahara est "une occupation illégale" exercée militairement et appelle le gouvernement central de Madrid à agir par tous les moyens et dans toutes les instances internationales afin de mettre fin à cette prétendue occupation et à trouver une solution "favorable" au Polisario. Aussi, les parlementaires régionaux des Canaries se permettent de porter des accusations graves contre le Maroc en ce qui concerne les droits de l'Homme. Ainsi, le document adopté par ces députés estime que le Maroc exerce des "violations systématiques des droits individuels et collectifs des Sahraouis" dans ce que la déclaration appelle "les territoires occupés". La Déclaration canarienne donne aussi un chiffre à ces prétendues violations et appelle le Maroc à libérer "les prisonniers politiques sahraouis et donner des explications sur le destin de plus de 500 disparus sahraouis…". Enfin, il est à rappeler qu'il y a quelques jours, le ministre délégué aux affaires étrangères et à la coopération, Taïeb Fassi Fihri, dans un entretien accordé au quotidien ACHARQ AL AWSAT, a formé le vœu que "l'Espagne adopte une position de neutralité dynamique et active pour un règlement rapide du problème du Sahara".