Le ministre marocain des Affaires étrangères a estimé que la proposition algérienne «menace la sécurité et la stabilité de l'ensemble de la région du Maghreb». Le Conseil de Sécurité devra se prononcer incessamment sur la mission de la Minurso. À cette occasion, il pourrait explorer de nouvelles pistes pour sortir le dossier de l'impasse. D'un conflit à l'autre. Le Maroc sur tous les fronts diplomatiques. À peine le contentieux maroco-espagnol autour de l'îlot Leïla est-il réglé que revient sur la scène le problème du Sahara. Expirant en effet le 31 juillet prochain, tout porte à croire que le mandat de la Minurso sera de nouveau prorogé. Cette affaire a relancé dès mardi 23 juillet au sein des nations Unies à New York la bagarre diplomatique entre le Maroc d'un côté et le de l'autre le parrain du Polisario, l'Algérie. La tension est montée brusquement d'un cran dans le palais de verre de Manhattan entre les deux parties suite à la distribution d'un projet de résolution américaine favorable à l'option de l'autonomie défendue par le Maroc. L'Algérie, qui combat cette proposition de toutes ses forces, est montée sur ses grands chevaux en réactivant, par le biais de son représentant à l'ONU Abdallah Baâli, la solution de la partition du Sahara marocain. Dans une lettre adressée au conseil, celui-ci affirme que le Sahara “n'est pas une province marocaine qui serait entrée en conflit ou en dissidence avec le gouvernement central (…) mais un territoire occupé illégalement“. N'ayant rien de nouveau, les gesticulations algériennes sur la question de la souveraineté nationale reprennent donc de plus belle. Comme toutes les tirades ésotériques, cette logorrhée à la sauce algéroise a le don d'endormir un public par les journées très humides de New York. De son côté, le représentant du Polisario renchérit dans un document adressé au même Conseil que le projet américain a pour objectif de “livrer le peuple et le territoire du Sahara occidental à un pouvoir colonial“. De quoi parle le polisarien qui se trompe apparemment de tout ? D'époque, d'histoire, de géographie, de territoire, de population… S'entête-il à oublier que les provinces du sud sont habitées par des Marocains, sous un ciel marocain, attachés à leur terre marocaine ? La voix de la raison provient du Maroc par le biais de Mohamed Bennouna, son ambassadeur auprès des Nations Unies. Dans sa lettre adressée au Conseil, il a expliqué que l'accord-cadre “s'inspire de la nécessité de parvenir à un compromis politique en déléguant de larges compétences à la population concernée dans le respect des prérogatives de la souveraineté du Royaume du Maroc“. Rabat a pris les devants sur la question nationale en dépêchant à l'étranger de nombreux émissaires. Mohamed Elyazghi, ministre USFP de l'Aménagement du territoire, effectue en ce moment une tournée qui l'a menée à Singapour et en Chine, porteur d'un message royal qu'il a remis aux responsables de ces deux pays. Membre permanent du Conseil de sécurité, la Chine figure parmi les soutiens de l'Algérie et de ses protégés qui, à l'instar de la Colombie, le Mexique, la Norvège et l'Irlande, sont contre l'accord-cadre défendu par les Etats-Unis, la France et l'Angleterre. Responsable marocain chargé des relations avec la Minurso, Hamid Chabar se trouve depuis mardi 23 juillet à Paris où il a rencontré différents responsables français issus du gouvernement, du Sénat et de l'Assemblée nationale. L'offensive diplomatique marocaine vise à expliquer aux pays qui sont encore sceptiques les vrais tenants et aboutissants de la question du Sahara. Un dossier qui ne relève nullement de la décolonisation. Un mensonge colporté par l'Algérie et relayé par l'Espagne. Le secrétaire d'État espagnol, Ramon De Miguel, a déclaré récemment que la position de son pays est “partagée par plusieurs membres de l'ONU et cela pourrait ne pas être du goût des autorités marocaines, mais cela est normal dans tous les processus de décolonisation“. Cette déclaration pour le moins fastidieuse n'a trouvé d'écho favorable qu'auprès des Algériens et du Polisario. MHamed Khadad, coordinateur de ce dernier avec la Minurso, a qualifié le propos de son acolyte ibérique “d'attitude responsable et constructive qui s'inscrit dans le cadre du respect de la légalité internationale“. Et… l'Espagne de José Maria Aznar a rejoint la conjuration anti-marocaine sur le dossier de son intégrité territoriale. Sûr de son droit, le Maroc reste imperturbable. Ni la mauvaise foi des uns ni les mensonges des autres ne le détourneront de l'objectif vers lequel tendent toutes ses forces vives : le parachèvement de son intégrité territoriale aussi bien au sud qu'au nord…