Cela va faire des années que le FC Barcelone n'a pas vécu une soirée intensément amer. L'équipe d'Ernesto Valverde, défensive contre sa nature, a essuyé à Rome une humiliation historique (0-3), miroir de la «remontada» infligée au PSG. Et les demi-finales de Ligue des champions boudent Lionel Messi depuis 2015. Par un caprice du destin, le FC Barcelone a subi mardi contre Rome la même gifle qu'il avait infligée la saison dernière au Paris SG: battu 4-0 en huitièmes aller, les Catalans avaient triomphé 6-1 au retour, avant de chuter en quart contre la Juventus (3-0, 0-0). Mais à l'évidence, les leçons des défaites au Parc des Princes et au Juventus Stadium n'ont pas été retenues. «C'est une nouvelle expérience négative et je ne sais même pas si cela nous servira à quelque chose, parce que l'an dernier déjà nous avions chuté d'une manière similaire», a pesté le milieu Sergio Busquets. Sous Luis Enrique (2014-2017), le Barça du trio offensif «MSN» (Messi-Suarez-Neymar) manquait parfois d'équilibre mais jamais de puissance de feu. Mardi, fatiguée par une trop faible rotation de ses cadres, l'équipe de Valverde a montré les défauts inverses: ce Barcelone-là est carré derrière, avec un Marc-André Ter Stegen impérial. Mais trop dépendant en attaque des coups de génie de Messi ou d'Andrés Iniesta. Il fallait sans doute cette rigueur pour survivre au retentissant départ de Neymar au Paris SG l'été dernier. Cela a payé en Liga: le Barça, leader invaincu, reste sur 38 journées consécutives sans défaite, record d'Espagne égalé. Mais en Europe, ces choix prudents n'ont pas résisté à une Roma qui n'avait rien à perdre. «Valverde a choisi des options défensives et n'a pas su réagir à temps», a déploré le quotidien Sport. Le technicien basque a subi mardi son premier véritable «coup de bâton», comme il l'a reconnu lui-même, après un quasi sans-faute entre septembre et avril. Comme la presse madrilène n'a cessé de prophétiser la «fin de cycle» du Barça depuis le départ de Pep Guardiola en 2012, il serait hasardeux d'enterrer cette équipe qui, à défaut du triplé Championnat-Coupe-C1, est proche de gagner la Liga et jouera la finale de Coupe du Roi le 21 avril contre Séville. Mais le constat est cruel: pendant que le Real Madrid de Cristiano Ronaldo reste sur trois C1 en quatre ans, le Barcelone de Messi n'en a gagné qu'une en sept saisons (2015). Trop peu pour son talent. Face à la possible grogne des «socios» (supporters-actionnaires), la direction risque de devoir à nouveau rebâtir cet été. Avec plusieurs erreurs de casting vers la sortie: André Gomes, Aleix Vidal, Denis Suarez… «C'est un résultat clair qu'il faudra analyser», a reconnu le président Josep Maria Bartomeu, qui a pourtant investi près de 300 M d'euros sur Ousmane Dembélé et Philippe Coutinho. Alors que la presse évoque l'éventuelle arrivée du Français Antoine Griezmann (Atlético Madrid), c'est surtout dans l'entrejeu que le chantier est le plus criant. Et l'avenir d'Iniesta interroge.