Tunis a abrité les 1er et 2 novembre le 15 ème symposium international organisé par le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) à l'occasion de la célébration par le peuple tunisien du 16ème anniversaire du Changement du 7 novembre 1987. D'éminentes personnalités politiques ont pris part à cette manifestation. On a démontré, entre autres, MM Alain Juppé, président du parti français l'Union pour un mouvement populaire (UMP), Edward Fennech Adami, Premier ministre de la République de Malte, et Ahmed Osman, président du RNI marocain. La séance d'ouverture a été marquée par le discours adressé par le président Zine El Abidine Ben Ali aux participants et dont la lecture a été donnée par Hamed Qaroui, premier vice-président du RCD. En plus du RNI, d'autres partis marocains étaient présents comme le MNP en la personne de Mahjoubi Aherdane accompagné de Saïd Ameskane, l'USFP par Fath Allah Oualalou qui a remplacé à la dernière minute Abderrahmane Youssouf, démissionnaire, et Saïd Saâdi pour le PPS. Tous les intervenants ont reconnu la pertinence du thème choisi pour cette manifestation, à savoir " L'espace euro-méditerranéen et l'élargissement de l'Union européenne : Défis et opportunités". Dans son discours, le Président Ben Ali a rappelé que la Tunisie a eu un rôle précurseur lorsqu'il avait appelé à œuvrer à la construction d'un espace méditerranéen où les intérêts seraient interdépendants et la destinée commune. La Tunisie, poursuivit M. Ben Ali, avait préconisé dès 1993, depuis le Parlement européen, de passer de l'étape de réflexion à celle de la réalisation. C'est-à-dire la conclusion d'un "contrat euro-méditerranéen pour le développement et la solidarité" qui répond aux attentes des peuples de la région. M. Ben Ali a rappelé que le lancement du processus de Barcelone depuis 1995 a été fait sur la base d'une vision globale et cohérente des intérêts de tous les peuples de la région. Ce qui signifie qu'il fallait œuvrer à la réduction des disparités entre les deux rives de la Méditerranée pour parer aux déséquilibres qui en résultent et qui empêchent l'établissement d'un partenariat au sein de cet espace vital. Les mutations intervenues dans les relations internationales et au niveau des équilibres mondiaux ainsi que le changement de la configuration de l'espace méditerranéen du fait de l'élargissement de l'UE " nous poussent aujourd'hui à une réflexion sur ledit processus. Il s'agit d'en réviser l'approche vis-à-vis des problèmes de la région, afin que huit ans après sa mise en place, il reste au diapason des changements qui se produisent sur les scènes mondiale et régionale" a ajouté le président tunisien. Sur la base de cette approche, plus d'attention doit donc être accordée aux dimensions, sociale, culturelle et technologique, conçues dès le départ par le processus de Barcelone. De telle sorte que l'égalité des chances soit garantie aux peuples des rives Nord et Sud de la Méditerranée. Dans le même cours des choses, la question de l'émigration a absolument besoin d'une nouvelle approche. Les peuples du Sud ne doivent plus percevoir l'Europe comme une forteresse fermée sur elle-même. Autrement dit, ces peuples ne devraient pas avoir le sentiment que le projet de mise en place d'une zone de libre-échange avec les peuples du Nord est de nature à créer un paradoxe qui consisterait à ouvrir les frontières aux capitaux, aux produits et aux marchandises, et de les fermer à la libre-circulation des personnes et des services. Ce à quoi répliquait Alain Juppé dans son intervention. Selon ce dernier, la nouvelle Europe (élargie), ne signifie en aucun cas une Europe forteresse, repliée sur elle-même et éprise de puissance. "Nous cherchons au contraire à mettre en place demain une Europe généreuse, nécessairement ouverte sur le monde. (...). L'intégration à l'UE de nouveaux membres, n'a pas de raison de nous couper de nos partenaires du Sud. (...) Le plus grand marché du monde sera ouvert aux pays du Sud de la Méditerranée. Le marché de l'UE élargie comprendra une population totale de plus de 450 millions d'habitants et un PIB de 10 000 milliards d'euros (dix mille milliards). Cette nouvelle union connaîtra dès lors un poids économique sans précédent,"a expliqué M.Juppé. Le leader du MNP marocain, lui, est revenu sur la problématique de la construction du Maghreb. "Comment pourrais-je minorer ou évacuer les occasions perdues depuis plus de quatre décennies? Qui incriminer? Quelles sont les responsabilités à établir? Le Maghreb des peuples des cultures plurielles, le Maghreb uni dans sa diversité et son héritage demeure pour nous un objectif de premier plan. Cela relève de l'acte de foi aussi ; par-delà les exigences objectives de l'économie telles qu'elles sont imposées par la mondialisation. Nous avons également été partie prenante à la conférence Euro-méditerranéenne de Barcelone en novembre 1995. Son objectif principal était d'établir un espace commun de paix et de stabilité politique, économique et sociale dans toute la région. Huit ans après, les résultats enregistrés sont bien loin des objectifs du départ. Ils ne sont guère en effet à la hauteur des fortes espérances placées en eux", a dit M. Aherdane. En conclusion, les intervenants furent unanimes d'avoir la volonté de promouvoir ensemble la renaissance du bassin méditerranéen. • DNES en Tunisie