Le gouvernement planche sérieusement sur l'opération des départs volontaires. Avec 2646 demandes reçues jusqu'à maintenant et présentées déjà comme un gage de réussite (!), le ministère de la Modernisation des secteurs publics semble y croire dur comme fer. Le gouvernement planche sérieusement sur l'opération des départs volontaires. Avec 2646 demandes reçues jusqu'à maintenant et présentées déjà comme un gage de réussite (!), le ministère de la Modernisation des secteurs publics semble y croire dur comme fer. Dégraisser le mammouth serait donc sur la bonne voie. Ce qui permettrait à l'Administration marocaine, connue pour son caractère pléthorique et qui bouffe près de 13% du PIB, de revenir à un étiage acceptable en termes de nombre et d'efficacité. En plus, les retraites anticipées feraient économiser beaucoup d'argent à un budget de l'État qui s'amenuise au fil des ans. La belle affaire ! Or, cette opération étant ouverte à l'ensemble des salariés de la fonction publique, toutes échelles confondues, le risque est grand que les hauts cadres dont l'État a besoin dans différents secteurs ne désertent en masse l'Administration. Il semble que c'est là la tendance actuelle : les professeurs agrégés, ingénieurs et médecins, séduits par des indemnités alléchantes, représentent pour le moment le plus gros des candidats au départ. Ceux-là, même si leur âge se situe entre 50 et 55 ans, ont la possibilité de faire une autre carrière intéressante dans le privé. Qu'en est-il des autres, à savoir la cible essentielle de l'opération Boussaïd, ceux qui représentent l'armée des fonctionnaires qui peuplent les services de l'Administration ? Cette catégorie est-elle intéressée par un départ à la retraite anticipée ? Celle-ci est-elle capable de gagner sa vie ailleurs ? Là est toute la question. Sans préjuger de l'issue de cette action gouvernementale, il y a fort à craindre que tout cela ne débouche in fine sur un autre problème. Celui de dégarnir la fonction publique et la vider de ses meilleurs éléments à un moment où celle-ci a besoin d'un sang neuf et des compétences. À trop vouloir trouver une solution à un problème donné, on risque d'en créer un autre et non des moindres. Car le constat est là, et il est accablant: l'Administration marocaine ne continue à séduire que les diplômés-chômeurs de l'université marocaine qui font des sit-in à longueur de journées pour y trouver une petite place. Ceci pour souligner que cette Administration-là pèche depuis plusieurs années par son manque d'attraction pour les lauréats issus des grandes écoles qui préfèrent se réaliser dans le secteur privé plutôt que de végéter dans le public. Révolu en effet l'époque des années 60 et 70 où les jeunes Marocains, fraîchement diplômés de France, étaient fiers de travailler pour l'État. Il ne suffit pas de diminuer les effectifs de la fonction publique. Encore faut-il mettre en place en parallèle une politique de recrutement ambitieuse d'une élite de valeur capable de sortir l'Administration des mille et un maux dont elle souffre. Une politique axée sur le rendement et la motivation et assortie de perspectives de carrière claires et intéressantes.