Obtenir le titre de Hadj n'est pas de tout repos. Si la quiétude de l'âme est au rendez-vous pour la majorité des pèlerins, le quotidien vécu dans les lieux saints n'a rien de facile, d'autant plus que certaines agences de voyages excellent dans l'art des fausses promesses. Nos pèlerins sont rentrés au pays. Il méritent bien le titre de Hadj. Les impressions sont différentes. Plusieurs sont ceux qui continuent à avoir la chaire de poule en se rappelant les rituels dans les lieux saints. D'autres, par contre, n'hésitent pas à parler franchement et spontanément de désagréments vécus au quotidien durant les quelques jours passés à La Mecque. Cela ne fait nullement d'eux de « mauvais Hadj ». C'est en tout cas l'opinion ferme de Mohamed Benmiloud : « Les agences de voyage profitent de la naïveté des gens qui sont trop occupés par leur volonté d'accomplir leurs devoirs religieux, pour se faire de l'argent ». Ce retraité de 62 ans note plusieurs dépassements de la part de l'agence de voyages organisatrice de son pèlerinage. Selon lui, en plus de l'absence d'orientation pour effectuer les rituels du pèlerinage, le quota de pèlerins n'est pas automatiquement respecté. « J'ai dû payer la coquette somme de 40.000 pour le contrat que j'ai signé avec une agence de voyages. En contre-partie, ladite agence devait s'occuper intégralement de mon pèlerinage», explique Mohamed Benmiloud. Et d'ajouter : «J'ai dû me contenter durant toute la période de mon séjour dans les lieux saints de biscuits. Le directeur de l'agence a été jusqu'à nous promettre du méchoui pour le repas de l'Aïd Al Adha. Nous avons été livrés à notre propre sort ; nous n'avons rien à nous mettre sous la dent ». Ceci pourrait amuser plus d'un ! Un Hadj qui se fâche par ce qu'il n a pas eu le méchoui, n'est sans doute pas chose courante. Toutefois le fait est là : du côté des agences de voyages, les brebis galeuses continuent de sévir. En plus des spécialistes de l'arnaque, il y a ceux qui n'hésitent pas à faire miroiter un séjour de luxe en promettant des prestations que les candidats ne trouvent pas sur place. Ceci est heureusement loin de concerner toutes les agences de voyages. Il faut reconnaître que la majorité d'entre elles oeuvrent pour la satisfaction de leur clientèle. La Fédération nationale des Agences de Voyages du Maroc (FNAVM) et les ministères de tutelle sont là en tant que garants du bon déroulement du pèlerinage. Pour information, l'opération de pèlerinage de cette année n'a pas enregistré d'incidents majeurs, mis à part les 6.000 pèlerins français qui ont été bloqués à La Mecque. Ces derniers, en partance pour la France, étaient encore bloqués le mercredi 2 février à La Mecque, alors que le pèlerinage s'est terminé le 23 janvier. Selon le ministère des Affaires étrangères français, ce blocage était dû aux compagnies aériennes charter qui n'ont pas tenu leurs engagements et d'autres dont les avions ne sont pas conformes aux normes de la sécurité aérienne. Autre petit incident : celui des chariots et des porteurs des bagages des pèlerins. Les pèlerins ont dû payer 30 DH pour avoir un porteur avec chariot, autorisé à les accompagner jusqu'au guichet d'enregistrement. Notons que pour la saison 2005 le nombre de pèlerins marocains était de 30.000 pour un total de 2 millions de pèlerins. Le ministère de l'Intérieur a pris en charge 20.000 pèlerins alors que les agences de voyages se sont partagé les 10.000 restants, avec un quota de 50 personnes.