* Absence de transport, manque d'encadrement, les pèlerins inscrits pour le Haj via leurs arrondissements ont subi beaucoup de désagréments une fois en Arabie Saoudite. * Pour aller à Arafat, près de 450 pèlerins ont dû faire un sit-in à cause de l'absence de moyens de transport. * Une femme a dû même faire les Manassiks avec une fracture au bras. On ne lui a mis un plâtre qu'une fois de retour au Maroc. Fini la galère ! Nos pèlerins sont rentrés au pays après un mois en Arabie Saoudite à accomplir les rituels du Hadj. Si cette année ces rituels se sont déroulés avec une grande organisation de la part des autorités saoudiennes pour les pèlerins marocains acheminés via des agences de voyages, ceux qui sont partis sous la houlette de leurs arrondissements ont eu la vie dure. C'était le cas pour les pèlerins de certaines villes, notamment Khémisset et Kénitra. À leur arrivée à Médine, ils furent conduits dans un hôtel, acceptable selon certains témoignages. La chambre prévue pour deux personnes en accueillait 5 à 6. Mais à l'arrivée, les pèlerins étaient fort enthousiastes et encore pleins d'énergie. Les choses ont commencé à se gâter le lendemain, les cars devant les conduire à la Mecque n'étant pas arrivés à temps. Au lieu d'un départ à 8 heures, ils n'ont quitté les lieux qu'à 16h30, affirme Hajja F. Une fois à la Mecque, ils auraient été logés dans un hôtel minable à plus de 5 personnes par chambre. «Les conditions de vie dans cet hôtel ont été d'un misérabilisme suprême !», témoigne un autre pèlerin de Khémisset cette fois-ci. Ce dernier a déploré l'absence d'encadrant pour aider les vieilles personnes et les analphabètes à accomplir leur rituel comme il se doit. «Ces gens ont été laissés pour compte, alors que les Manassiks sont très strictes et difficiles à accomplir ; ce sont les autres pèlerins marocains qui les ont pris en charge, les aidant dans les étapes les plus difficiles. D'un autre côté, les pèlerins voyageant avec des agences ont été bien hébergés, sans connaître de problème de transport et bien encadrés dans l'accomplissement de leur Haj. Un pèlerinage avec une fracture au bras Une femme de la ville de Khémisset a eu une fracture au niveau du bras avec déboîtement de l'épaule. Les médecins accompagnant la délégation marocaine, lui ont fait une radio et remis le bras en place ; mais pour la fracture, elle a juste eu droit à des calmants et un bandeau, avec comme consigne de ne pas le remuer. «Elle a dû rester 20 jours dans cet état et a accompli les rituels dans des conditions fort pénibles, puisque les médecins lui ont conseillé d'attendre de rentrer au Maroc pour aller voir son médecin. En Arabie Saoudite, les médecins se contentaient de nous prescrire des médicaments contre le froid et le rhume, mais en cas de complications ou de problèmes cardiaques, ce sont les services sanitaires saoudiens qui intervenaient rapidement », nous explique H., la trentaine, ayant accompli le Haj avec sa mère. Un sit-in « marocain » à La Mecque Après une nuit terrible dans un hôtel où chaque chambre a vu s'entasser 5 à 9 personnes, certains pèlerins des villes de Kénitra, Khémisset et villes voisines ont été informés qu'un car devait les prendre à deux heures du matin pour les conduire à Arafat. Ils auraient attendu près de 12 heures ; aucun car n'a pointé le bout de son capot. Les rituels ne pouvant attendre, nos pèlerins ont organisé un sit-in, bloquant une artère jusqu'à ce que la police saoudienne intervienne. Face au désarroi des Marocains, les autorités sur place ont contacté en urgence les responsables de la délégation marocaine pour affréter des moyens de transport à leurs pèlerins. Une heure plus tard, un seul car est arrivé pour embarquer plus de 450 pèlerins logeant dans le même hôtel. Mission impossible, assurément ! «Le temps pressant, nous avons choisi, ma mère et moi, de chercher d'autres moyens de transport à nos frais alors que le transport est inclus dans les 32.000 DH que nous avons payés à notre arrondissement. On a déboursé 250 DH chacun pour 12 km seulement », affirme H. qui s'estime heureux d'avoir accompagné sa mère dans cette difficile épreuve, où il fallait avoir la chance de trouver un transport ; sinon, ce sont des dizaines de kilomètres qu'il fallait parcourir à pied. « Certains des cars qui nous étaient destinés ont été mis à la disposition de pèlerins d'autres pays qui ont payé les chauffeurs », conclut H. Les témoignages fusent de partout : des gens ayant passé la nuit à la belle étoile et souffrant de froid puisqu'ils ne portaient qu'Al Ihram, les habits du Haj ; d'autres ont « perdu » leurs groupes et ont mis des jours à les chercher. Déplorable ! Un Haj sans victimes ou presque ! Jusqu'à la fin du pèlerinage, cette année, les autorités saoudiennes ont pris toutes les mesures préventives nécessaires pour éviter les débordements, parfois mortels, lors des dernières étapes du Haj ; notamment à Minen pour la lapidation de Satan. Ceci dit, la délégation marocaine a déploré quelques décès dont celui d'un vieillard de 82 ans écrasé par un car. Il aurait été percuté sur le chemin du retour vers La Mecque. Il marchait avec d'autres pèlerins marocains n'ayant pas trouvé de car pour les transporter !