Pour pouvoir passer un bon mois de Ramadan, les sportifs de haut niveau doivent s'entourer d'une multitude de précautions ayant trait à leurs entraînements, alimentation et période de repos. Le mois de Ramadan demeure un événement particulier qui entraîne plusieurs changements sur nos habitudes quotidiennes. L'organisme humain se trouve au milieu d'un chaos total qu'il est obligé d'ordonner pour faciliter la fonction des organes vitaux. Pour une personne normale, le problème ne se pose pas avec autant d'acuité que chez les sportifs de haut niveau. Ces derniers demeurent très affectés par la venue de ce mois sacré qui suppose un chamboulement total dans leur vie de tous les jours. Entraînement, alimentation, des hydratation, sommeil, tout doit être contrôlé encore plus minutieusement. «Le jeûne affecte l'organisme de chaque être humain. Etre un sportif de haut niveau, c'est-à-dire exercer une activité sportive soutenue, plus de 10 heures par semaine, suppose la prise de plusieurs précautions ayant trait à trois points essentiels : le rythme des entraînements, le mode alimentaire et le cycle veille/sommeil», estime Ahmed Bennis, professeur de cardiologie. En effet, les performances sportives durant ce mois de jeûne baissent en règle générale d'un tiers. Il est donc inutile de viser un record du monde ou un exploit extraordinaire en Ramadan. Une étude récente réalisée en Arabie Saoudite et au Koweït a démontré que la performance sportive baisse durant les 10 premiers jours. Ce n'est que par la suite qu'il y a un phénomène de compensation. La programmation des séances d'entraînement suit cette logique. «Si mon planning d'entraînement n'a subi aucun changement, ce sont les horaires des séances qui différent tout au long de ce mois. Je m'entraîne deux fois par jour comme d'habitude, mais les séances se déroulent désormais avant et après le ftour. La première est programmée à 15h et la seconde vers 20h30», précise l'athlète Nezha Bidouane. Et de l'avis des spécialistes, s'entraîner après le ftour reste la meilleure chose. Mais bien sûr, qui dit rupture de jeûne dit repas léger et nutritif. «Tout ce qui est sucre rapide, comme les différents gâteaux marocains, ou graisses saturées, comme les galettes et autres mets traditionnels purement ramadaniens doivent être prohibés», explique le professeur Bennis. L'objectif en est d'éviter une prise de poids rapide. Les athlètes, footballeurs, ou n'importe quels sportifs affrontent un autre problème durant ce mois. Il s'agit de la déshydratation. «Tout au long de ce mois, je lutte essentiellement contre la déshydratation. Je dois faire très attention aux quantités d'eau que je bois chaque jour, bien plus que d'ordinaire», estime la championne du monde du 400m haies. Les fooballeurs sont les premiers à affronter ce problème du fait que la plupart des rencontres au programme ont lieu en milieu de journée, ce que les docteurs déconseillent formellement. «Dans n'importe quel effort physique, il faut éviter les températures extrêmes», prévient Pr. Ahmed Bennis. Des recommandations qu'on ne prend pas en considération dans notre championnat national, faute de moyens notamment. En effet, le mois dernier, et en prévision du mois sacré, le Groupement national de football (GNF) a demandé aux clubs de choisir les heures de programmation de leurs rencontres. Les concernés n'avaient pas tous d'autres choix que de programmer les matches en plein jour. Et pour cause, leurs terrains ne sont pas équipés d'éclairage à même de garantir la bonne tenue d'un match de football en nocturne. «Mais la sacralité du mois demeure le plus important à nos yeux. Une fois sur le terrain, même à jeun, gagner devient notre unique préoccupation», souligne l'attaquant du Raja de Casablanca, Mustapha Bidodane. Mais en somme, «Ramadan est un mois qui reste très difficile à vivre pour un athlète de haut niveau. D'un côté, il y a les séances d'entraînement qui doivent se succéder à un rythme normal. De l'autre, les changements que suppose ce mois sacré dans la vie de tous les jours de n'importe quel musulman, athlète ou pas». La championne du monde du 400m haies en sait quelque chose, elle, qui prépare une saison olympique très importante dans sa carrière.